Ça a mis le temps, mais internet (et le XXIe siècle) est enfin arrivé au Paradis. Quoiqu'omniscient, la tâche de Dieu est ainsi grandement facilité par la modernité. Et du boulot, il y en a ! Renégocier les contrats avec les autres religions, améliorer le marketing de la marque, garder un œil sur le fiston qui a des envies de retour, etc. Sept jours pour la Création, une éternité de problèmes administratifs. Si ça continue, il va y avoir de l’Armageddon dans l’air.
James a pris de la hauteur et raconte le présent en mode déconnade. Alors que l’idée de prendre Dieu comme témoin n’est pas nouvelle, la manière s’avère efficace et éminemment rigolote. Marie devenue une Femen ou les cravatés de Goldman Sachs qui demandent des comptes, le scénariste n’a eu qu’à se baisser pour trouver des munitions et faire enrager son céleste héros. Le procédé est bien rodé et les clins d’œil abondent. Évidemment, comme c’est pratiquement toujours le cas pour ce type de récits courts originellement parus en magazine, le passage au recueil estompe une partie de l’impact des histoires.
Avec un style typé « Fluide », Boris Mirroir s’amuse également beaucoup en dépeignant ces tribulations œcuméniques et autres. De plus, malgré des influences passablement remarquables, il sort son épingle du jeu grâce à une mise en scène bien pensée. Rictus ébahis ou effondrés de circonstance et attention spéciale aux petits détails qui tuent, le résultat fonctionne et les rates se dilatent à qui mieux-mieux.
Avalanche de bons mots, références à gogo et un côté irrespectueux à souhait, Dieu point zéro surfe sur son époque avec la même avidité que celle du bas clergé constatant la décadence morale de leurs ouailles.
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