L
e Chêne courbe remis sur ceps, Alexandra Baudricourt pense déjà au futur. Il faut dynamiser le chais, offrir à ses clients un lieu chaleureux et agréable. Pourquoi pas un restaurant gastronomique ? Après un sérieux rafraîchissement, la chartreuse de son grand-père ferait l’écrin idéal. Reste à trouver un chef à la hauteur de ses ambitions…
Eric Cobeyran et Espé élargissent le champ de leur série-phare, Châteaux Bordeaux avec À table !, une spin-off tout en gourmandise. L’idée de départ est simple, mais totalement dans l’esprit de leur célèbre saga viticole. Une bonne couche documentaire, un soupçon d’intrigue nourrie à la psychologie de comptoir et un semblant de suspens, il n’en fallait pas plus au scénariste pour tisser un album, certes très convenu, mais parfaitement huilé. Les personnages féminins en présence – Alexandra qui est déjà bien connue des lecteurs et Nathalie Cellier, la nouvelle venue – tirent leur épingle du jeu et offrent deux portraits intéressants de deux trajectoires très dissemblables et néanmoins comparables. Au final, l’ambiance générale et les différentes péripéties se montrent en phase avec leur époque et sonnent juste, à défaut de prendre réellement aux tripes.
Visuellement, la copie rendue par Espé joue également la carte de l’efficacité à tout prix. Dessins ultra-précis et mise en page léchée qui sait mettre les protagonistes en avant sans les écraser, la réalisation est impeccable et millimétrée. La mise en couleurs « chirurgicale » d’Aretha Battistuta et Dimitri Fogolin emballe ces planches avec une même exactitude. Le résultat est excellent, propre, peut-être un peu trop. Comme pour le récit, le dessinateur n’ose pas sortir d’une vision formatée ou télévisuelle de la réalité. L’ensemble est probant, mais s’avère terriblement lisse et finalement passablement entendu.
Addition tout à fait dans le ton de son titre d’origine, À table ! rassemble toutes les qualités (et les défauts) qui ont fait le succès de Châteaux Bordeaux. Bon appétit !
Alors que Châteaux-Bordeaux se dirige vers son dernier tome, voilà une nouvelle suite qui se décline pour découvrir la haute gastronomie. Après le vin, quoi de plus normal ? A noter que Les Gouttes de Dieu que doit certainement lire l'auteur a suivi exactement le même chemin avec son fameux mariage entre mets et bon cru.
Au niveau de la construction du récit, il n'y a rien à redire tant la maîtrise est visible. Au niveau du dessin, c'est toujours aussi excellent. Il faut dire que j'aime bien ce genre de graphisme réaliste qui a le souci du détail. Par ailleurs, quelle plaisir de retrouver Alexandra Baudricourt qui ouvre un restaurant au sein du domaine familial Le Chêne Courbe.
On découvre un monde tout aussi riche que celui du vin dans un univers pas aussi éloigné que cela. Les fans de la saga originale qui s'est d'ailleurs très bien vendu seront ravis. Les autres pourront passer leur chemin.
Oenologie et restauration vont bien ensemble. Cependant, après avoir eu des souci avec son vin, l'héroïne va en avoir avec son restaurant. Cela fait certes un peu répétition mais si bien dosé que la lecture demeure très agréable et qu'on en redemande. Une belle proposition à consommer sans se retenir.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5