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ifficulté à clore une série débuté fin 2005 ou remords de ne pas avoir donné LES ultimes éléments de compréhension ? Quoi qu’il en soit le tandem Pécau - Kordey remet le couvert pour un trente-cinquième volume de la saga d’Histoire Secrète.
Mis à part certains anachronismes perturbants, rien à redire sur cet énième album plus volumineux qu’à l’accoutumé. Se suffisant à lui-même et mettant en perspective l’essence démiurgique des Archontes, il constitue la cerise sur le gâteau, l’élément conclusif qui pourrait faire croire à la fin de l’histoire… Une sorte de chant du cygne où Jean-Pierre Pécau ferait état – encore une fois – de ses compétences en tant que scénariste et d'Igor Kordey comme dessinateur. Cependant, il est désormais difficile d'ajouter un commentaire pertinent et innovant à un récit qui a épuisé progressivement toute sa matière à l’image de ces étoiles qui dans un ultime sursaut brillent une dernière fois avant de s’effondrer sur elles-mêmes.
Nullement indispensable, Les ivoires de Thot procurera toutefois aux accros de la première heure une dernière occasion de jouer avec leurs ivoires... avant de les ranger définitivement !
J'ai bien apprécié cette genèse de la série. Cela nous met dans le contexte et, sans nous apprendre de grands secrets, c'est agréable de connaître l'origine des quatre archontes et des ivoires... Bien sûr il faut s'habituer au dessein de Kordey, qui peut sembler un peu brouillon et imprécis, mais les planches ont une structure conventionnelle qui se prête bien à l'histoire.
Avis sur la série:
L’histoire secrète est une série qui se situe dans l’univers des arcanes afin d’en retracer toute la genèse. L’originalité tient dans le mélange de la grande Histoire avec le fantastique afin d’expliquer que les faits historiques ne sont pas ce que l’on croît. Or, c’est justement le traitement de l’intrigue qui fait la faiblesse de cette série typiquement « marketing » qui a surfé sur la vague du concept.
Les faits historiques ne sont en effet qu’un prétexte pour faire coller la magie des ivoires et cela se sent réellement. Les Archontes et leurs agents tirent les ficelles de l’Histoire en faisant trop souvent des nœuds inextricables. La lecture demeure néanmoins assez agréable pour peu qu'on se plonge véritablement dans cet univers particulier où le hasard n'existe pas.
Plusieurs dessinateurs se succèdent au fil des 7 premiers volumes, ce qui confère un trait forcément inégal. En effet, on a réellement du mal à reconnaître les Archontes et leurs agents d'un tome à l'autre ce qui peut poser un problème quant à la compréhension générale. Par ailleurs, en 7 volumes, on a survolé grosso modo 3500 années d'histoire pour voir les tomes suivant couvrir une période historique de 60 années. Voilà encore une inégalité de traitement qui ne va pas arranger les choses !
Pourtant, je dois bien avouer que la saison 2 (c'est-à-dire à partir du volume 8 ) s'avère assez passionnante. Je me suis laissé prendre au jeu... petit joueur que je suis! Les renvois sur les séries dérivées se multiplient et on arrive à concevoir une certaine cohérence de l'ensemble. Au final, on passe un bon moment. N’est-ce pas ce qui compte ? Bref, le divertissement est assuré.
Les tomes se succèdent à un rythme effréné et on n'a pas l'impression que l'intrigue générale avance pour autant. J'ai même plutôt l'impression de m'être laissé piéger par une machine commerciale à près de 14 euros le volume. Faites le calcul car c'est une collection qui revient très cher au final avec ses 32 volumes voire 48 tomes si on tient compte de l'ensemble de l'univers. C'est l'une de ces séries dont on regrette un peu l'achat. Si cela s'était arrêté à un nombre de volumes raisonnable, cela passait. Plus maintenant ! Je suis honnête avec vous en vous livrant un conseil d'achat négatif bien que je sois acquéreur en étant prisonnier de l'univers Arcanes.
Pour autant, il faut bien admettre que commercialement parlant, la série fonctionne plutôt bien. Les couvertures sont assez bien soignées et le concept plaît à la majorité des lecteurs. Cet univers paraît cohérent et il y a un petit côté addictif.
Juste un dernier mot pour dire que les auteurs ont mis une espèce de carte et d’histographie afin de repérer le temps ainsi que les lieux de l’action de chaque tome de l’univers de ces cartes magiques. Or, la multiplication des tomes a rendu l’ensemble totalement illisible. C’est comme s’il y avait des points partout sur la planète car aucun lieu n’a été épargné par l’histoire secrète. On se dit que cela n’a plus aucun intérêt.
Voilà, après 48 tomes (univers complet), on voit enfin le bout. La conclusion se termine par une franche rigolade. Tout ça pour cela ? Il semblerait que cela ne soit pas une blague. No comment. A noter pour la petite histoire que j'ai revendu ma collection entièrement car un ami bdphile avait vu ce titre dans la bibliothèque et cela m'a foutu la honte du siècle. Il m'a fait comprendre que cela n'avait pas sa place. Il avait raison.