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ublié une première fois en 1997, René Goscinny, profession : humoriste est signé par Guy Vidal. L’ouvrage se divise en deux. D’abord la vie de l’écrivain : enfance en Argentine, passage infructueux à New York, années de vaches maigres en France, suivies d’un succès exceptionnel. Sous les touches de sa vieille machine à écrire naissent, entre autres, Le Petit Nicolas, Astérix et Iznogoud ; comme si ce n’était pas suffisant, il s’entend avec Morris pour raconter les aventures de Lucky Luke, prend la direction de Pilote, scénarise et produit des films. Pendant vingt ans, il s’imposera comme une des personnalités les plus marquantes de la bande dessinée européenne. La seconde moitié de la monographie présente un florilège de projets (une planche et un court paragraphe), souvent méconnus (Max Garac, Mimile garçon de bureau (avec André Franquin) ou encore Jacquot le mousse) auxquels il a été associé. C’est du reste cette section qui est la plus riche pour qui est familier avec le travail du maître.
La proposition s’attarde principalement sur l’individu, ses relations avec ses confrères, son épouse et sa fille. Étrangement, il est assez peu question de son œuvre. L’objectif de l’entreprise n’est de toute évidence pas de mettre en lumière certaines facettes de sa production ou de proposer un éclairage sur sa façon de travailler, sinon sous forme d’anecdote (quand il cherchait la bonne idée pour un nouveau scénario, il était comme un lion en cage). Son collaborateur le plus proche, Albert Uderzo, est d’ailleurs pratiquement absent. En plus d’avoir écrit des dizaines d’albums, René Goscinny a contribué à la conquête d’un lectorat adulte par le neuvième Art, notamment en favorisant l’émergence d’une génération de bédéistes (Gotlib, Cabu, Fred, Bilal, etc.) auxquels il accorde sa confiance. Pas mal comme legs.
La recherche iconographique se révèle concluante, particulièrement dans la deuxième partie. Les illustrations sont cependant desservies par un format relativement petit (le lecteur s’arrache parfois les yeux pour déchiffrer la reproduction d’un article de journal ou le texte d’un phylactère) et plusieurs photos sont pixelisées.
Le biographe a fait ses devoirs, avec rigueur, sans excès d’hagiographie et l’essentiel s’y trouve. Cela dit, les librairies sont déjà remplies de bouquins sur cet homme de lettres, deux expositions lui ont été dédiées à Paris à la fin de 2017 (Goscinny et le cinéma et René Goscinny. Au-delà du rire), des périodiques lui consacrent des numéros spéciaux, la réédition de ses classiques est souvent accompagnée d’éléments biographiques, sans oublier les documentaires, dont le très intéressant Profession humoriste (https://www.youtube.com/watch?v=4CSrJH6tkmQ ). La question est donc : était-il nécessaire de rééditer ce livre ?
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