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arti en quête d’honneur et d’aventures, François Montagne est bien forcé de constater qu’en Chine ce sont plutôt tromperie et drogue qui règnent en maîtres. Trahi par les siens, le jeune homme remet en cause tout ce qui avait motivé son départ. Entre l’armée française, très loin de l’idéal qu’il s’en faisait, les officiers de tous bords avides de pouvoir et les femmes qui lui font tourner la tête, le héros aura des choix à faire au milieu d’une guerre qui vient de débuter.
Après un premier tome très réussi autour du pré-conflit, les auteurs s’attaquent maintenant aux événements armés proprement dits. Comme l’indique le titre, le scénario se concentre autour de la sanglante bataille de Dagu. L’effet novateur passé, l’histoire se révèle très riche, entremêlant savamment les états d’âme d’un protagoniste dépassé par ce qui arrive / ce qu'il vit et des faits historiques solidement en place. Sans ambages, Alcante et Laurent-Frédéric Bollée passent des rêves de gloire aux désillusions de la guerre. Jouant sur des plans intimes et globaux à la fois, le récit alterne passe de l’un à l’autre avec aisance, ce qui le rend rythme et haletant, tandis qu'il s'étoffe en parallèle grâce à l'introduction de nouveaux personnages.
Pour donner corps à l’Empire du milieu du XIXème siècle, Xavier Besse livre un dessin à la hauteur du scénario. Détaillé et expressif, il ne cache rien, des belles femmes aux horreurs du conflit. Ses découpages dynamiques et le cadrage serré contribuent pleinement à l’action, notamment lors de l’assaut de la forteresse de Dagu.
Après la mise en place, la transition vers l’action à proprement parler est réussie. Récit haletant et graphisme au cordeau, tout y est pour passer un excellent moment et les auteurs semblent en plus en garder sous le pied pour le prochain tome !
Nous avions laissé François Montagne en fort mauvaise posture après avoir manifesté son désaccord avec les méthodes crapuleuses de son supérieur, le sergent Marais qui semblait l'avoir blessé par balle…
Le doute est levé. François Montagne est gravement atteint, inconscient (au propre, cette fois) et ne devra la vie qu'à un sage, pratiquant la pêche avec ses cormorans. le vieil homme le ramène, quand il semble rétabli, dans la concession française, où, après avoir fait la connaissance d'une entêtée journaliste, mademoiselle Valentine Préau, envoyée spéciale du journal « le Siècle », il rencontre ses « chers » vieux camarades, bien décidés à lui faire la peau…
Critique :
Dans ce deuxième tome, les auteurs nous réservent deux flash-backs qui nous éclairent sur le passé de François Montagne et sur celui de Jia-Li, la veuve du défunt comte de Malnay. Justement, à propos de cette dame, de quel côté son coeur balance-t-il ? Est-elle dans le camp des Français ? Ou plutôt dans celui des Chinois ?
Les auteurs nous font découvrir l'inconscience de l'Empereur de Chine qui, plus préoccupé par ses plaisirs que par la gestion de l'Empire, ne mesure pas la puissance des deux armées occidentales qui s'apprêtent à lui tailler des croupières.
François Montagne se rend compte que les Occidentaux ne sont pas là pour une juste cause, mais bien pour assouvir leurs soifs de richesses, leurs rêves de gloriole et leurs besoins d'aventure… Mais les Chinois ne sont pas davantage « présentables » ! La Chine est en pleine guerre civile…
Xavier Besse, au dessin et à la couleur, sert de façon magistrale le scénario des compères Alcante et Bollée. J'ai lu des critiques grinçantes de certains lecteurs déçus par, notamment, les flash-backs qui ralentissent, voire cassent, le rythme de l'histoire. Faut choisir : veut-on donner de l'épaisseur aux principaux personnages ou foncer directement vers la grande aventure ? le choix des auteurs n'est pas pour me déplaire, d'autant qu'avec les dessins et la technique mixte (encre sur papier, encres de couleur acryliques) de Xavier Besse, les planches se savourent comme autant de tableaux de maître.
Ce 2ème tome est dans la lignée du premier à tout point de vue.
Point négatif : certaines scènes totalement inutiles à l'histoire qui ralentissent le rythme.
Point positif : la présence de quelques flashbacks intelligemment placés dans l'album qui nous permettent de mieux comprendre certaines choses.
Les dessins sont toujours au niveau.
La trame principale progresse bien et accroche suffisamment le lecteur pour lui donner envie de découvrir la suite.
Dans l’esprit, il y a de la canonnière du Yang-Tsé dans cette série même si le héros tient plus, dans sa morphologie, de Yann Calec que de Steeve McQueen. De l’aventure avec un grand A sans prise de tête avec aucun temps mort. L’ennui est au placard, sa meilleure place. D’accord, il n’y a rien d’extraordinaire non plus mais j’ai eu énormément de plaisir avec cette BD et le tome 2 est encore meilleur que le premier.