Pourquoi y a-t-il des inégalités entre les hommes et les femmes? La question est intéressante. Les auteures postulent qu’à la préhistoire, lorsqu’elle était enceinte, la douce moitié ne pouvait chasser le mammouth, une proie plus prestigieuse que la cueillette qui constituait pourtant 70 % de l’alimentation. Et comme elle ne prend pas part à la traque du mastodonte, les meilleures parties ne sont pas pour elle et c’est pour cette raison qu’elle est devenue chétive et petite. Par ailleurs, au moment des règles, elle risquait d’attirer certains prédateurs, d’où la nécessité de rester en retrait de l’action. Le lecteur n’en saura pas davantage sur l’interrogation qui donne néanmoins son titre au livre.
Les soixante pages suivantes décrivent, à l’aide de microsegments, l’oppression de la gent féminine qui perdure depuis la nuit des temps et les gains qu’elle a réalisés, particulièrement depuis un siècle : travail et autonomie financière, divorce et avortement, droit de vote et reconnaissance publique, etc. Le pamphlet souligne ce qui ne va pas en balançant des statistiques dont les sources ne sont jamais indiquées : «89 % des patrons de grandes entreprises sont des hommes», «80 % des femmes sont victimes de propos, d’attitudes ou d’arbitrages sexistes au bureau» ou encore que «les femmes consacrent deux fois plus de temps que les hommes aux tâches domestiques». Pour être bien franc, le citoyen lambda a entendu à maintes reprises le discours tenu par Soledad Bravi et Dorothée Werner.
Il y a peu à dire sur le dessin : des bonshommes, très schématiques et sans caractère. Mais à quoi bon transposer l’argumentaire en bande dessinée si les illustrations sont de si peu d’intérêt ?
Le récapitulatif proposé par les deux scénaristes sur l’histoire du deuxième sexe n’est pas inintéressant, mais il demeure beaucoup trop sommaire. Un sujet aussi important que les droits de nos mères, nos sœurs, et surtout nos filles, mérite mieux.
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