L
e prolifique Jeff Lemire signe un nouveau titre dans le genre réaliste, dans lequel il s’est déjà plusieurs fois illustré avec Essex County, Winter Road, etc. Utilisant généralement le « roman graphique » pour ce faire, il opte cette fois pour le format de la série, dont il maîtrise parfaitement la construction, récit choral, suspense et cliffhanger à l’appui. Une saga familiale au long cours s’annonce.
Royal City, morne ville industrielle sur le déclin, est le théâtre du ballet tragique de la famille Pike, déchirée par la disparition du jeune Tommy. Sa présence hante ses proches, tous sur la pente descendante - à l’image du cadre urbain et son aquarelle en capillarité de bleu et gris, façonnant un ciel invariablement bas.
Les conflits et l’absence de communication cachent manifestement un secret bien enfoui, mais la vérité sur les événements semble plus complexe que l’auteur ne le laisse penser initialement. Le père, victime d’une attaque et brimé par sa femme aigrie ; le fils instable noyé dans l’alcool ; la sœur et son travail avant tout ; le frère écrivain en panne d’inspiration (du même âge que le scénariste, tiens) forment une galerie de personnages torturés et dramatiques à souhait, mais fréquemment convoqués dans maintes fictions.
Certains trouveront dans Royal City une veine cathartique approfondie, où Jeff Lemire explore plus avant des thèmes qui lui sont chers tels que culpabilité et autodestruction. D’autres déploreront la ressemblance avec les titres susmentionnés. Toujours est-il que ce premier tome habilement mené constitue l'exposition d'un feuilleton dont le développement reste à découvrir...
Ça c'est du Lemire que j'aime. Scénario axé principalement sur ses personnages principaux et leurs émotions. Très mélancolique, rappelant beaucoup The Underwater Welder du même auteur. On se situe dans le même genre de récit que celui du film Manchester By The Sea. Une ville col bleu et un protagoniste un peu loser au passé tragique. Il y a toujours cet espèces de nuage gris qui flotte au dessus du récit, comme une tumeur qui ne réussi jamais vraiment à partir. Les deux premiers tomes m'ont énormément plu et ont monté la table pour un récit à plusieurs facettes, avec plusieurs poursuite individuelles contradictoires. En voyant qu'il me restait juste un tome à lire, je me suis questionné à savoir comment Lemire pourrait boucler toutes ces sous-intrigues. Il a réussi, plus ou moins.
Je suis encore ambivalent à savoir quelle fin j'aurais préféré avoir. Une fin plus optimiste, qui me laisse apaisé en sachant que nos personnages sont entre bonnes mains, ou bien une fin plus pessimiste, proche de la réalité, difficile à digérer. Des fois, j'aime être tourmenté par une histoire après ma lecture. Des fois, j'aime pouvoir aller me coucher et passer une bonne nuit. Je ne sais pas encore où me situer avec ce récit. Peut-être qu'il y aurait eu moyen de balancer les deux plutôt que de pencher d'un côté plus que l'autre.
Je me perd dans les détails. Définitivement c'est le genre de récit qui me parle et je suis content de voir Lemire dans son élément. Avec Underwater Welder, Royal City rejoint la liste d'ouvrage que je vais vouloir me procurer quand j'aurai plus de place dans mes bibliothèques
On peut dire que ce comics joue véritablement à fond la carte psychologique des personnages composant une famille désunie. C'est efficace mais parfois c'est un peu longuet. Il ne se passera pas grand chose suite à la crise cardiaque du patriarche.
On remarquera une excellente entrée en la matière puis une action au temps mort. On aura le temps de dresser le portrait de cette famille qui a jadis perdu un membre et qui en est toujours bouleversé.
J'aime beaucoup le style de cet auteur canadien. Il sait poser les choses de manière tout à fait correct et habile notamment dans sa narration. Par ailleurs, rien à redire sur son dessin avec cette colorisation en aquarelle du plus bel effet.
Il est certain que Royal City va réveiller de vieilles blessures et des secrets de famille assez douloureux.