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iminuée par la maladie et sentant son heure arriver, Afife décide de faire la paix avec elle-même et, si c’est encore possible, les siens. Particulièrement touchée par le devenir de son pays, cette professeure à l’université d’Izmir ne peut que s’inquiéter des dérives théocratiques du régime de Recep Tayyip Erdoğan. Pire encore, Mehmet, son jeune neveu résidant à Tenay, en France, est en train de succomber aux promesses toxiques d’Islamistes mal intentionnés. Puisant dans ses dernières ressources, elle le prend sous son aile et l’embarque entre Thrace et Anatolie pour un voyage initiatique sur les pas de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne.
Après avoir effleuré le sujet en mode thriller dans Jeu d’ombres, Loulou Dédola propose un récit mêlant actualité et leçon d’Histoire avec Le père turc - À la recherche de Mustafa Kemal. Si l’initiative est remarquable et salvatrice, la manière s’avère malheureusement maladroite et passablement forcée. Les situations et personnages, à l’exception de l’héroïne, sont sans relief ni réelle complexité et les rappels du passé très, voire trop, proches d’une hagiographie officielle. Certes, Atatürk est une figure immense et son bilan à la tête de la Turquie est impressionnant, tant au niveau des droits humains que de la démocratie au sens large. Naïve par moments et globalement inégale, la narration peine à réellement captiver. Résultat, ce qui aurait pu passer comme un cri du cœur nécessaire se limite à une déambulation terne mêlée à des anecdotes racontées à la façon de l’Oncle Paul.
Pour cette seconde collaboration avec Dédola après 419 African Mafia, Lélio Bonaccorso a choisi une approche très dynamique typée comics. Le découpage et la mise en scène remplis d’incrustations et de cases asymétriques rendent la lecture rythmée (y compris quand l’action est au point mort) et agréable. Par contre, les passages biographiques se montrent un peu en retrait, le dessinateur semblant moins à l’aise avec les portraits de personnes réelles.
Intéressant sur le fond et important socialement, mais empruntée dans son déroulement, Le père turc paie le prix du manque de tenue du scénario.
Le talent des auteurs est de nous montrer une histoire moderne à travers un jeune homme à la dérive et en mal de repères qui commence à tomber dans le radicalisme religieux et une vieille femme atteinte d'un cancer qui tente de tout faire pour l'aider. Le miracle est celui de l'histoire du père turc pour faire prendre conscience du mauvais virage de la Turquie islamique.
En effet, Mustafa Kémal a dessiné la carte d'une Turquie moderne et progressiste en accordant le droit de vote aux femmes bien avant certains grands pays occidentaux à commencer par la France. C'est sur les ruines de l'Empire ottoman que s'est construit un régime laïc qui rejetait à la fois le bolchevisme et le fascisme.
On pourra regretter certaines absences comme le génocide arménien à peine évoqué ou la terrible répression qui a suivi le putsch manqué contre l'actuel président Erdogan. On verra tout de même que ce père turc était prêt à tout pour imposer sa vision notamment lorsqu'il a exigé du parlement les plein pouvoirs en ne laissant guère le choix.
J'avoue ne pas avoir été convaincu par l'homme politique mais il a laissé incontestablement une grande trace dans l'histoire de la Turquie. Ataturk vivant, la seconde guerre mondiale n'aurait pas eu lieu avait déclaré Winston Churchill qui s'était jadis frotté à lui pendant la guerre des Dardanelles. Je retiens surtout qu'une grande nation peut également faire à certains moments de grands bonds en arrière. Il ne faudrait pas que cela nous arrive également.
Salut, je viens de lire Le Père Turc. Ça se passe pas En Allemagne mais à Tenay. Tenay c'est ma commune dans l'Ain. Pas une scène en Allemagne. Y a pas que Paris en France, l'Ain c'est pas l'Allemagne. Idem pour l'autre personnage principale. Elle s'appelle Afife pas Alife. Vous l'avez pas lu c'est évident, à peine survolé. Vous avez le droit de pas aimer mais faut lire le bouquin. Moi j'ai lu et kiffé. TENAY FOREVER !