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orsque la jeunesse et l'ambition poussent un jeune parisien à venir à Buenos Aires, il ne se doute pas qu'avant de rencontrer le professeur, le Maestro, qu'il recherche, il va lui falloir de la patience. Écouter, comprendre, apprendre et sentir, afin d'être digne de recevoir l'enseignement tant convoité. Car le tango n'est pas une simple danse...
Après le récent (et réussi) Cimetière des innocents, Philippe Charlot s'offre un retour à la musique, sa passion initiale. Exit le jazz et la Nouvelle-Orléans de Bourbon Street, place à Buenos Aires et son tango !
Adepte de la narration en voix-off, le scénariste brise le quatrième mur dès la première planche pour inviter à prendre place dans l'un des plus célèbres café de la capitale argentine. L'ambiance feutrée et les teintes rouges orangées du lieu sont parfaitement adaptées aux courtes séquences sur un mode de confidences qu'il utilise. Guidé par le duo Rodolfo-La Mina, chacun avec ses motivations, l'apprenti danseur passe ainsi de table en table pour écouter les souvenirs des habitués. Via ces petites saynètes, l'auteur compose un tableau varié, à travers les destins et les époques, de la place qu'occupe le tango dans la vie et le cœur des argentins. Son évolution, avec l'arrivée des phonographes, comme son rôle social et les passions qu'il engendre, prennent alors toutes leur ampleur. Le jeune tanguero - et avec lui le lecteur pour peu qu'il se laisse aller - se trouve emporté et saisit petit à petit l'essence de cette partie intégrante de l'identité des portègnes.
Proche de ce qu'il avait proposé dans Le Postello, Winoc est visiblement à l'aise dans cet univers. S'appuyant sur son dessin tendance réaliste, au trait fin sans encrage et expressif, il brosse une galerie de portraits saisissante. Alternant les techniques au gré des moments racontés, l'artiste parvient à restituer avec le même bonheur les ambiances tumultueuses des rues et des bars ou celles ouatées des salons et milongas. Par une mise en page étudiée, n'hésitant pas au besoin de s'affranchir des cases, ou un découpage recherché (comme lors des danses), il propose une lecture active et immersive à souhait. Enfin, sa colorisation - aquarelles toutes en retenue - souligne l'atmosphère de chaque scène et plonge un peu plus le lecteur dans la moiteur de cette ville en ébullition et de ses personnages tournés vers cette danse.
Fresque artistique et historique, Gran Café Tortoni charme et emporte. Une ode à un art langoureux et sensuel autant qu'à ceux qui l'ont fait et le vivent encore aujourd'hui.
Le mythe du Tango évoqué par une somme d'histoires racontées à un jeune français dans un café de Buenos Aires: le Gran Café Tortoni. Toutes ces histoires courtes qui composent les 100 pages de cet album sont toutes charmantes. Le système narratif est très bien. Le dessin alterne peintures et dessins, les couleurs chaudes sont adaptées à l'ambiance. Tout cela est très beau.
Gran Café Tortoni est une œuvre d’ambiance un peu particulière. Le sujet n’est pas le café mais plutôt le tango argentin dans tout ce qu’il a de plus beau et d’exaltant loin des prestations de l'émission vedette Danse avec les Stars. C’est la passion de l’amour.
On a droit à de petites histoires suivant un fil conducteur au sein d’un café situé à Buenos Aires. Il est question d’une audition pour recruter un jeune danseur prêt à rencontrer un maestro. Comme dit, le cadre est celui d'un café et on passera d'un pilier de comptoir à un autre pour rendre hommage au tango.
Je n’ai pas aimé beaucoup de choses dont une certaine monotonie du récit mais l’ensemble forme un tout cohérent qui dégage une certaine originalité et même une certaine profondeur dans l’exploration de l’âme humaine à travers cette danse.
Oui, on va être dans du psychologique et du poétique mais également dans une certaine forme de folklore local. C’est de la bd argentine pure. Une bd purement d'atmosphère également.