À la fois bastion rassurant et prison dorée, la riche demeure du porcelainier est devenue un véritable domaine. Mais si grandir derrière des murailles n'est pas facile, devenir maman ne s'improvise pas non plus. En cette belle matinée d'été, Mère a un peu de mal à supporter les écarts de conduite de Tori et Ariemma. Ah ça, la ribambelle d'enfants de porcelaine ne posent aucun problème, par contre, les deux filles s'avèrent plus difficiles à gérer. Et ce n'est pas la visite impromptue de Prosper l'ambassadeur qui va éclairer la journée : après quelques années de répit, l'armée a décidé de repasser à l'attaque. Une fuite n'est pas envisageable pour la magicienne qui refuse de s'en laisser conter. L'hiver s'annonce rude et l'avenir, très sombre.
Benjamin Read effectue de nouveau un bond dans le temps avec Gamine pour la mettre en scène dans un état fondamental, celui de mère. Le lecteur retrouve avec plaisir cette héroïne au caractère bien trempé qu'il a vu se façonner, une personnalité attachante qui s'est étoffée et endurcie au gré des épreuves imposées. Autour d'elle gravitent de nombreux personnages, qui, de céramique ou de chair, ont tous un rôle à jouer dans ce dernier tome qui empreinte une voie profondément dramatique. Chaque chose a un prix dans ce parcours initiatique où les vérité sont aussi douloureuses que les mensonges. Porté par une qualité narrative s'exprimant dans la justesse des dialogues, l'histoire oppose des camps dont les frontières sont floues, entre la fidélité extrême des automates et des liens du sang qui se diluent.
La finesse et la précision du trait de Chris Wildgoose conviennent parfaitement à cet univers particulier d'ambiance victorienne. Le travail de recherche graphique se révèle dans la conception des intérieurs, des tenues et dans l'évolution du design des automates, qui conservent leur délicatesse et leur élégance jusqu'en mode guerrier.
Ainsi se clôt Porcelaine, une trilogie au scénario riche et dense qui déroule dans un contexte imaginaire, un beau et dur portrait de femme, femme qui se construit, étape par étape, choix après choix, dans sa fragilité, sa complexité et sa force instinctive.
Cet avis concerne la trilogie complète qui est vraiment excellente.
L'univers imaginaire et fantastique est solide et convainquant. Toute l'architecture et le design ont été très recherchés et cela se ressent dans les moindres détails.
Toute la population d'êtres de Porcelaine est plus vrai que nature et d'ailleurs au fur et à mesure des albums se sont eux qui s'humanisent à l'inverse de l'héroïne principale qui elle se rebotise. Les nombreux autres personnages qui gravitent autour d'elle sont bien définis et ils ont tous leur rôle à jouer.
Chacun des albums traite d'une histoire indépendante à une certaine époque mais il y a quand même des liens tissés et commun à travers la trilogie. Celle-ci comporte de multiples rebondissements qui rendent l'histoire encore plus riche et complexe.
Le dessin est lui aussi très bon. Le trait est fin et élégant, les expressions noires et profondes, les décors réalistes, les détails (et notamment les runes) criant de vérité, le tout avec une colorisation sobre qui colle parfaitement à l'univers.
Porcelaine est une trilogie superbement réalisée. Le travail qui a été effectué est colossale (en témoigne le temps qu'il a fallu pour voir naitre les 3 albums) et cela s'en ressent.
J'ai vraiment été séduit et envouter par cet univers.
C'est un gros gros coup de cœur.
J'espère que ce duo d'auteur se relancera rapidement dans une nouvelle aventure.
Un excellent album.
L'héroïne a évolué, muri et est devenue une femme de pourvoir presque robotisée. À l'inverse, les porcelaines s'humanisent fortement et sont tous unis pour défendre leur mère qui va s'engouffrer dans de grands tourments pour sauver les siens.
L'auteur prend le parti de faire évoluer ses personnages et donc de faire une œuvre finie dans le temps avec un début, un milieu et une fin. ce qu'illustrent à merveille les 3 albums de cette série.
Le dessin de Chris Wildgoose se rapproche du style franco-belge en gardant une part de style plus anglo-saxon. C'est du plus bel effet avec une mise en couleur des plus réussies.
Une lecture indispensable pour qui s'intéresse au fantastique dans la BD ou le Comics.