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alérie Zézé est une voleuse qui, parfois, se fait pincer et doit répondre de ses actes devant la justice. Elle connaît donc très bien la case prison. Un univers difficile avec son règlement officiel et son code de conduite officieux. On ne s’y fait pas, on attend juste que ça passe les dents serrées et les poings fermés, au cas où.
Témoignage basé sur une histoire vraie, La ballade des dangereuses raconte à la première personne la réalité qui se cache derrière les portes des maisons d’arrêt, belges dans le cas présent. Loin de l'image portée par la série Orange est le nouveau noir, Anaële et Delphine Hermans proposent une fable profondément humaine et aucunement misérabiliste. Madame Zézé est consciente de ses torts et sait parfaitement pourquoi elle est là. C’est sa vie et elle assume ses faiblesses ; les addictions arrivent souvent à prendre le dessus sur les volontés les plus solides, c’est comme ça.
La peinture de ces femmes et de ces institutions qu’en tirent les autrices est remarquable de précision et de sensibilité. La déshumanisation volontaire – ici, vous n’êtes qu’un matricule -, les routines assommantes, les tensions entre les détenues, les petits et grands trafics s’enchaînent alors que le jour de la libération semble toujours aussi lointain. Pour tenir, la moindre petite distraction est guettée, voire rêvée. La visite de proches, une quelconque activité sociale sortant des habitudes forcées, une cigarette ou un joint passé en douce, tout est bon à prendre.
Même si le style quasi-naïf de Delphine Hermans peine parfois en rendre toute la dureté du monde carcéral, l’ouvrage parvient néanmoins à proposer un portrait convaincant de cet environnement finalement peu connu du grand-public. Trônant au centre du récit, la personnalité détonante et attachante de Valérie Zézé y est certainement pour beaucoup. Cette héroïne au profil atypique fait d’un mélange de blessures intimes, d’excès coupables et d’une humanité infinie est véritablement la star de l’album.
Touchant et sans concession, La ballade des dangereuses, journal d’une incarcération offre un éclairage bienvenu sur la manière dont la société traite ses délinquantes ainsi qu’un portrait sincère d’une femme battante qui aimerait tant s’en sortir.
Il est vrai qu'on ne se retrouve pas en prison par hasard à moins d'être totalement innocent. Cependant, le propos n'est pas ce que cette femme d'origine africaine a fait, c'est plutôt son parcours depuis son métier de professeur de français et sa lente descente aux enfers à cause d'un problème de dépendance de drogue qui l'a amené au vol. Il est vrai que voler un riche parfumeur (qui léguera sa fortune à son chat) est tout aussi punissable que voler un pauvre misérable et sans doute beaucoup plus dans nos sociétés qui ne pardonnent rien.
A moins d'être insensible et cela existe, on ne peut que comprendre la souffrance de cette femme qui tente de se reconstruire tant bien que mal. Le coran peut l'aider mais c'est surtout l'amour de son fils qui fera le reste. A noter qu'il s'agit d'un témoignage basé sur une histoire vraie que retranscrit très bien les autrices. J'ai bien aimé le portrait de cette femme qui assume ses responsabilités.