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u'est-ce que le fils du Ministre de l'Intérieur et un vieil arsouille mis au placard par sa hiérarchie ont en commun ? Pas grand-chose... Pourtant, Caillaux et l'Écluse, cette belle paire d'inspecteurs, vont devoir faire équipe pour retrouver l'assassin de Marc Grappa, un assembleur à l'ascension aussi fulgurante que gênante. Et tandis que les deux policiers apprennent à se connaître et essaient d'avancer, le reste du commissariat s'active pour résoudre une affaire bien plus inquiétante.
Pour sa première incursion dans le neuvième Art (il a scénarisé À la recherche du dragon rouge, sorti en novembre 2016 chez Little Urban), Frédéric Bagères a choisi une valeur sûre : l'intrigue policière. Pour ce faire, il mélange les genres avec bonheur : polar historique, comique et éléments de whodunit. L'humour tient autant dans la galerie de personnages hauts en couleurs que dans les dialogues. S'appuyant sur un duo, certes dépareillé mais classique dans sa forme (l'ancien aux méthodes vieille école un rien blasé et le jeune plein d'entrain ouvert aux techniques modernes), le scénariste a choisi pour cadre le Paris des années dix. En plus d'un décor Belle-époque qui renvoie immédiatement à la série TV Les brigades du Tigre (L'Écluse rappelle Marcel Terrasson/Pierre Maguelon tandis que Caillaux a des allures de Gustave Pujol/Jean-Paul Tribout), cela offre l'occasion de s’appuyer sur un champ lexical imaginé, amusant et savoureux. Alors que l'ensemble des flics parisiens traque un tueur en série violent et spectaculaire, les compères plongent dans le milieu de la restauration et du vin pour résoudre un meurtre. Rondement menée, même si pas toujours réaliste, l'histoire n'en demeure pas moins prenante et immersive. L'auteur sème quelque indices mais bien malin celui qui découvrira le fin mot de la double traque avant la révélation - elle aussi plutôt drôle. Amenée de façon un peu brutale, elle pourra être jugée facile et ne pas emporter une adhésion totale, mais le traitement et le ton de l'ensemble suffisent à passer un bon moment avec cet album.
L'originalité ne tient pas seulement à l'écriture de Frédéric Bargèse, elle revient aussi (et surtout) au graphisme atypique de David François. L'amiénois au trait expressionniste livre soixante-deux planches de toute beauté. Comme pour Un homme de joie, un dessin plein de vitesse et de mouvement mais aussi des teintes surannées (pour lesquelles il est aidé par David Perimony) pour de belles ambiances, sont les axes sur lesquels il s'appuie. Jouant sur le découpage pour accentuer la tension (comme lors de l'interrogatoire des frères Chartier) ou la forme des phylactères (rondes comme des barriques page 19 ou à cheval sur l'espace inter-iconique page 25) pour souligner les informations divulguées en plus de coller à la narration. Un parti-pris surprenant pour qui ne connaît pas le style de l'artiste, mais maîtrisé et abouti.
Malgré quelques légers défauts, Le Vendangeur de Paname n'en est pas moins plaisant de bout en bout, autant visuellement que scénaristiquement. Au point d'espérer revoir le duo dans une nouvelle enquête !
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Il fait aimer le trait et dessins de Jérôme et l’enquête est simpliste. le dénouement est vif et j’ai aimé les dialogues à connotation « viticole »
Bon moment de lecture
Depuis des mois, un tueur en série met la police parisienne en échec et défie les plus fins limiers du 36 Quai des Orfèvres. Il faut dire, qu’à chaque nouveau meurtre, les enquêteurs découvrent une mise en scène particulièrement macabre et désopilante. Le divisionnaire, au langage fleuri à la Audiard, et sa brigade de bras cassés - il faut bien le reconnaître - deviennent la risée de la presse. Et pour couronner le tout, on lui envoie un bleu qui n’est autre que le fils du ministre de la justice, le jeune Pierre Caillaux. La situation est déjà assez compliquée comme ça pour ne pas, en plus, s’encombrer du rejeton du ministre. A peine arrivé, le jeune diplômé est aussitôt redirigé vers L'Ecluse, un policier relégué au sous-sol dans ce qui lui sert de bureau. Mis à l’écart de l’affaire qui occupe tout le commissariat, les deux compères vont enquêter tranquillement sur un autre meurtre, commis du côté de la cour Saint Émilion, haut lieu du négoce de vin pour la ville de Paris. L’Ecluse qui porte bien son nom a le physique et le caractère de Gérard Depardieu, ce qui en fait un personnage fort sympathique.
On dirait du Maigret avec des angles intéressants sur les débuts de la police scientifique et sur les éternelles querelles entre anciens et modernes. L’histoire est bonne mais le scénario trop haché. L’action a du mal à se développer graphiquement du fait d’un manque de liant entre les cases. Un peu longues aussi les planches qui mettent en scène uniquement les bureaux du 36. Heureusement, que les dialogues sont argotiques et drôles à souhait ! Le dessin aux lignes fuyantes est vraiment beau avec des perspectives superbes sur les rues de Paname. On s’immerge avec plaisir dans ce Paris du début du siècle aux couleurs fanées. Ce n’est pas l’enquête du siècle mais on passe un super bon moment de lecture.
Au final, je ne regrette pas ma lecture.
C’est vrai que pendant les trois premiers quarts, j’ai oscillé. Sur tout.
Je trouvais le trait vif, dynamique, percutant. Et puis d’un coup, je trouvais une page brouillonne, je peinais à reconnaître les personnages.
J’aimais bien les répliques ciselées avec des jeux de mots sur le vin. Et puis parfois, je trouvais ça lourd et appuyé.
Je trouvais l’idée originale et déjà-vu ; les personnages décalés et utilisés cent fois…
Mais la fin vaut le coup, le quiproquo, le dénouement, font qu’après avoir oscillé, j’ai penché pour « ouais, pas mal, en fait ».
Force du scénario ! Puissance du dessin ! Un trait reconnaissable entre mille ! Un David Francois ça se savoure ! A chaque album c'est plus beau ! Le vendangeur de Paname son dernier en date se déguste comme tous les grands crus ! Les connaisseurs apprécieront ! En attendant le Chaplin !
Cette BD nous retrace l'enquête de l'Ecluse et Bloseille sur le meurtre d'un caviste. Le scénario se déroule comme un vieux polar. L'ambiance qui se dégage de ce livre est particulière, presque étrange. L'intrigue est particulièrement bien construite.
Les personnages sont plutôt stéréotypés mais c'est un duo qui fonctionne. Ecluse est un vieil enquêteur alcoolique et Bloseille un stagiaire. Les protagonistes sont également typiques des vieux polars.
L'esthétique est particulière. Le trait est nerveux et un peu épais. Le décor semble comme dans un sfumato et l'ambiance est un eu vieillie rappelant les polars des années 50.
http://aufildesplumesblog.wordpress.com
Le dessin "particulier" et presque approximatif, qu'on aime ou pas, ainsi que les couleurs douces et proches du pastel, donnent toute la dimension et la force à cette bd.
L'histoire ou plutôt l'enquete menée par ces deux flics que beaucoup de choses opposent au début de l'ere du 36 quai des Orfevres, reste somme toute banale. En revanche, la chute, et la façon dont ces deux anti-héros parviendront à résoudre cette affaire, vous surprendra.
Un premier album particulierement reussi.