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écembre 1918, de retour de la guerre, Ronan revient dans son Morbihan natal. Pendant que son chauffeur tente de dépanner leur véhicule, il s’en va flâner dans les bois environnants, qu’il évite pourtant depuis ses dix ans. Soudain, il débouche dans le Jardin aux moines et là, le drame ressurgit dans sa mémoire : la disparition du petit Kilou, à l’issue d’une journée de vadrouille entre gamins. Un accident comme tant d’autres bien sûr, enfin c’est ce dont il voudrait se convaincre depuis tout ce temps, car ses souvenirs sont tout autre.
Le troisième opus de la série Brocéliande change d’approche par rapport à ces prédécesseurs. Finie la plongée au cœur du petit peuple, place à un conte se situant dans l’ère moderne et qui va jouer sur la frontière entre le rêve et le fantastique. Sur cette base, Nicolas Jarry construit un récit parfaitement mené. Sur un rythme relativement alerte, il installe habilement ses personnages. La petite bande se lançant dans une chasse au trésor est très vite attachante et ne manquera pas de raviver quelques souvenances aux jeunes comme à leurs aînés. Le scénariste emmène son groupe vers son destin et la catastrophe en changeant progressivement l’atmosphère. C’est presque naturellement que le lecteur bascule avec Ronan dans un monde imaginaire. Cette partie est tout aussi convaincante, empreinte aussi bien d’humour, de bravoure que de tristesse.
L’histoire, vraiment séduisante, bénéficie de l’inspiration graphique de Djief (auteur également de la très belle couverture avec Olivier Héban). Il parvient à faire vivre les émotions en offrant une caractérisation soignée et attrayante tant aux humains qu’aux autres créatures. Son application sur les décors, soutenue par la richesse et la justesse des couleurs d’Élodie Jacquemoire, donne corps aux ambiances.
Cette promenade dans un autre site légendaire de Brocéliande est réussite.
Troisième opus sublime tant par l'histoire que le dessin.
Le scénario est profond et emprunt à l'humain et au mystique.
Le dessin de Djief est totalement en adéquation avec l'histoire ce qui rend cette BD sublime et touchante.
A lire absolument...
Cette série va vraiment crescendo dans l’excellence ! Ce troisième volume est un petit bijou d’amitié, d’humanité et de féérie.
Nous voici à la fin de la première guerre mondiale et Ronan, lieutenant de son état, retourne dans sa Bretagne natale. Après une panne automobile, que son aide de camp essaye de résoudre, il s’enfonce dans la forêt et se souvient.
Et nous voici lancé dans un début de roman de Zola où un père imbibé tous les soirs d’alcool rend la vie impossible à son fils. Entre eux la mort de la mère et des reproches qui les enfonces dans l’incompréhension.
Ronan est féru de légendes et d’histoires du petit peuple. Il va alors emmener dans une aventure trois de ses amis Ewenn fille de sorcière, Mabik fils de curé (il va l’apprendre…) et Marie fille de bonne famille. Ils vont aussi entraîner le petit Kilian, cousin de Mabik, dans leur aventure fantasmagorique.
Et voilà notre club des cinq parti à la conquête des illusions de Ronan. En chemin ils devront affronter les fils Courtichoux mais surtout le temps qui va en se dégradant. Mouillés et fatigués, ils trouveront refuge dans un ancien relais de chasse où ils pourront faire du feu et se sustenter un peu. Ronan en profitera pour sortir son livre de contes et raconter une histoire. Celle-ci enverra ses pensées le jour de la mort de sa mère où il avait cru voir une fée.
Son imaginaire, lui jouant des tours, lui fera emmener ses amis dans le brouillard de la forêt où ils perdront Kilian. Et puis, la chute… Rêve-t-il ? Le voici propulsé dans un monde imaginaire où un marché lui sera proposé. Soit il réussit trois épreuves et Kilian lui sera rendu soit celui-ci disparaitra à jamais.
Sans aucun doute le manque de soins et d’affection maternel a atteint psychiquement et affectivement Ronan. Et ce manque affectif le pousse vers l’absurde entraînant avec lui ses amis. Quand un être croit dur comme fer en quelque chose, il peut convaincre et entraîner les autres dans sa folie ou son délire.
Cette BD est pleine de surprises et les dessins magnifiques. Les gros plans arrivent toujours à bon escient comme le moment où Ronan lit le conte à ses amis dans le relais de chasse. Les yeux grands ouverts de Kilian avec l’oreille de son doudou dans la bouche et le regard mystérieux de Ronan, dont le visage est éclairé de la douce lumière du feu de la cheminée, nous engloutissent dans l’histoire.
La fin est cruelle et belle à la fois. Kilian est-il mort où vit-il avec le petit peuple ? A chacun de voir…