C
omme il est nécessaire d'amputer un membre pour sauver le corps de la gangrène envahissante, le comte Fédor Rostoptchine décide d'abandonner Moscou afin de stopper Napoléon dans son avancée dans le pays et le priver d'une victoire éclatante ; aucun étranger ne s'accaparera les splendeurs et les richesses moscovites ! En échange de leur liberté, les détenus russes ont pour consigne de ne laisser que ruines et cendres. C'est ainsi qu'Anatoli Vassili se retrouve, en ce mois de septembre 1812, dans une capitale plongée dans le chaos et les flammes. L'injustice ayant toujours insupporté cet officier déchu, il fut enfermé suite à un acte de rébellion contre les ordres. Dans la prison où il croupissait avec son ami, il s'était attaqué à Kolia, dit l'«ogre de Moscou». Chose à ne pas faire, car ce colosse a juré, en guise de représailles, de s'en prendre à sa famille. Entre un mangeur d'enfants enragé, les soldats français belliqueux et un brasier dévastateur, quel danger est le plus à craindre pour Anatoli ?
Dans l'actualité également avec une nouvelle série 40 éléphants, Kid Toussaint opte, dans ce one-shot, pour une intrigue romanesque au centre d'un fait historique célèbre qui emporte le lecteur au sein d'une cité majestueuse dans ses derniers moments d'agonie. Dans ce sacrifice orchestré, un homme droit dans ses bottes mais le cœur fêlé et l'esprit vacillant se débat dans sa propre tragédie. La trame classique ne surprend guère ; pourtant, ses nombreux rebondissements et l'empathie pour les personnages convainquent aisément. L'emphase prégnante confère un côté baroque tout à fait approprié qui s'épanouit dans la décadence progressive du récit.
En charge de la restitution visuelle, Stéphane Perger (Sir Arthur Benton, Odyssée sous contrôle), livre de superbes illustrations qui expriment toute la puissance de ce décor dantesque. Sa maîtrise de la couleur est impressionnante, entre jeu de contrastes tons chauds/tons froids pour les ambiances dramatiques et flamboyantes, matière et relief qui donnent corps et souffle aux personnages. Son crayonné léger restitue les reflets de la «Troisième Rome» sous de multiples vues, rapprochées ou panoramas, planches éclatées ou pleines. Les nuances de gris et le travail des blancs ne sont pas en reste pour la résurgence des flashbacks dans la mémoire d'Anatoli.
Pris entre abnégation et lâcheté, un homme et une ville sont entraînés dans leur tourmente respective. Ils se rejoignent dans un destin unique incandescent. Brûlez Moscou ! ou la chronique d'une combustion annoncée, portée par un graphisme magnifique.
sur l'incendie de Moscou, centré sur Napoléon
Magnifique dessin qui nous ramène plus de 200 ans en arrière dans un Moscou menacé par les troupes napoléoniennes. Je me suis laissé surprendre par l'intrigue, un Moscou post-apocalyptique mais à l'aube de la révolution industrielle sur fond de traque au tueur en série. Très très bien. Ça change de ces machins qui se passent toujours aux USA. Merci
Un album, à mon avis, où tout s'enchaine trop vite. Nous avons pas le temps de nous attacher aux personnages. J'ai eu du mal à m'intéresser au destin fou d'Anatoli Lenski dans Moscou occupé par les troupes de Napoléon.
Reste le dessin de Stéphane Perger, que j'avais découvert sur la trilogie assez réussie d'aillers de "Sir Arthur Benton", qui nous gratifie de belles planches,(en particulier page 32 avec le départ de l'Empereur) rehaussée par des couleurs dignes du brasier lancé par le célèbre Gouverneur de Moscou, le comte Rostophchine.
Une bande dessinée qui ne m'a guère marquée.
J'ai un peu le même ressenti que Jobe27.
Une idée de départ intéressante, une histoire qui file trop vite, un dessin tantôt un peu trop flou, tantôt super bien cadré, un scénario qui hésite entre reconstitution historique et action/suspense.
Ajoutez un retournement un peu trop attendu, et vous ressortirez un peu déçu de la lecture de cet album unitaire.
L'histoire aurait mérité un meilleur traitement, dans la longueur de plusieurs albums.
C'est dommage, car il y a de bons moments, très bien illustrés, et d'autres un peu ratés.
Pas mal ! Rien ne traîne en longueur, le contexte historique est rapidement planté (les troupes de Napoléon envahissant Moscou dans leur quête d'expansion et de pouvoir), le déroulement de l'histoire est mené tambour battant dans un Moscou en ruine empli de fureur, de sang et de feu. C'est d'ailleurs ce qui caractérise l'album, une image de Moscou transformée en véritable enfer parfaitement rendue par l'utilisation des couleurs orange et rouge vif qui donnent une atmosphère vraiment crépusculaire à l'histoire. Petit bémol: Je trouve le tout un peu trop rapide et classique et j'aurai peut être préféré un développement un peu plus approfondi sur le caractère ou la psychologie de certains personnages comme le tueur Kolia ou encore la comtesse.