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n décor familier de roches et de sable, mais où le gazon, étrangement, domine. Dans cet Arizon-là, les femmes crachent par terre, rotent et tiennent le colt. Quant aux hommes, ils se rassemblent pour parler chiffons et font dans la dentelle. Cornelia et Lindberg peuvent remercier le hasard qui les a fait se croiser. Ces deux fugitifs étaient faits pour s'entendre : elle, desperada recherchée «dead or alive» par une pasteure chasseuse de primes et lui, victime de sa soif de liberté et dégoutté de son statut de potiche. Autour de ces tourtereaux qui s'ignorent gravitent des indiennes très farouches, un ermite errant et une pseudo reine encombrée d'un dard disgracieux. Les hormones en folie tourbillonnent et provoquent un joyeux bordel des esprits et des sens. Bienvenue dans cet ouest décalé, tout proche de l'enfer.
Riad Sattouf l'avait osé précédemment dans son film Jacky au royaume des filles. Arnaud Le Gouëfflec (Soucoupe, La carte du ciel) reprend le procédé et le transpose dans le très codifié et imprégné de virilité Far West. Ici, inversion des rôles, les femmes à la place des gars et vice versa. Loin d'être des princesses, les cow-girls s'assument, brutes de décoffrage et s'approprient les clichés pour mieux les flinguer. Habile et judicieux, le scénario est pensé dans les moindres mots pour le maximum de cohérence et de crédibilité. L'humour très présent ne joue pas forcément la finesse mais sonne juste et ose mettre les pieds dans le plat en éclaboussant tout le monde. Le scénariste aurait pu profiter du sujet pour proposer une réflexion sur les genres mais il a privilégié la franche rigolade et ce n'est pas plus mal. Dans le contexte social actuel, dominé par les scandales sexuels, il est bon de prendre du recul et relâcher la pression. Dans cette foire d'empoigne, travestis, invertis et autres déclinaisons se mélangent, s'aiment et se tapent dessus, pas de jaloux. La vulgarité n'était pas invitée, de ce fait, la sensualité prime mais reste sage.
L'esthétique n'étant pas l'apanage des bandes dessinées humoristiques, Dominique Bertail (Ghost money, Shandy) offre ici un graphisme de grande qualité. Fin, précis et détaillé, le trait exprime beaucoup de caractère sans exagérer la caricature. Rehaussées par une colorisation dans les tons sépia, les planches suggèrent un rendu de photos anciennes. Les actrices (ah, et les acteurs aussi) ont de la gueule et évoluent gaiement dans des décors à la fois pittoresques et typés.
Il vaut mieux une bonne tranche de rire gras qu'un pavé de psychologie insipide. Pour une poignée d'euros, offrez-vous cette chevauchée drolatique. Les auteurs ont avoué avoir vraiment pris leur pied dans cette aventure, sans mentir ; ils mitonnent la suite.
Un western ou les femmes tiennent le rôle des hommes le pouvoir, la violence, les habits masculin, le pantalon... Les hommes aiment ici la douceur, et servent les femmes .. on s'y perd un peu... Mais c'est très original et humoristique.Le dessin est a poil, .. heu au poil.
Très codifié: c'est le terme.
Au point qu'on se rend compte à la lecture qu'inverser les rôles oblige à tout revoir et à tout re-réfléchir.
Combien de nos réactions et attitudes sont-elles pré-définies?
Comment ce personnage peut-il nous sembler si authentiquement féminin?
Un dessin éblouissant, un vrai sens du décor et des personnages, une finesse d'écriture qui permettent de nous projeter dans un univers nouveau sur une multitude de niveaux de lecture voire, si l'envie vous en prend d'ouvrir de nouvelles interrogations.
J'avais feuilleté longuement cette bd chez mon libraire, très attiré par le dessin très détaillé, le tout sur un ton sépia, de Bertail. Mais j'avoue n'étant guère grand fan de l'humour de fluide glacial, j'ai attendu que cet album soit disponible en médiathèque pour me lancer dans la lecture. Chose faite à présent.
Et bien, j'avoue que l'idée d'inverser les codes du western est assez plaisante (les hommes étant réduits au rôle de sexe faible) mais résiste mal sur une intrigue qui s'étire sur près de 90 pages et finit par être parfois ridicule (la romance de Cornélius -Cornélia- et Suzette - Lindbergh- en est la parfaite illustration).
L'humour est souvent lourd et je n'y adhère guère.
Bref, une fausse bonne idée que ce scénario, malgré un graphisme très réussi.
bon album; divertissant. le dessin est res sympa. qq bonnes rigolades.
je trouve ca bien réussi
la version au cahier graphique est bien chouette. parfait pour un aprem detente
Album recueil des chapitres courts parus dans la revue Fluide glacial en 2017. Une édition luxe grand format dos toilé avec cahier graphique de 8 pages est disponible en édition limitée.
L’ouest sauvage, magnifique, éblouissant, poussiéreux. Ses despéradettes, ses hordes d’indiennes sanguinaires, ses saloons gorgés de prostitués… Hein? Quoi??!!… Oui les amis, on est chez Fluide glacial et on renverse tout: dans ce western les hommes sont des femmes et les femmes sont des hommes. Et inversement… bref…
Donc on est chez fluide, donc c’est de l’humour, gras, poilu, odorant, lourd. Si c’est pas votre tasse de thé ou que vous êtes un peu prude, passez votre chemin visage pâle! Sinon… bienvenue dans une bonne tranche de rigolade qui retourne les neurones et fait (un peu) réfléchir quand même! Au premier abord je m’étais dis ouais bof, des garçons en robe et des filles en pantalon on a déjà vu ça… Mais ce qui est très réussi dans Mondo Reverso c’est que les auteurs jouent sans arrêt sur nos références sociales imprimées profondément dans nos cerveaux reptiliens. Aucun détail n’est épargné: la cheffe des bandits pisse comme le ferait un pistolero mais… comme une fille, les filles rotent, pètent et jurent. Les hommes (barbus, poilus et moustachus comme à l’époque) sont des chochottes qu’il faut protéger ou troncher… On est dans les codes du western, manichéens, macho… en inversé. Et ça fonctionne! Le comique de situation habituel (… à la sauce Fluide quand même, c’est a dire « bite-couille-nichon-prout-caca » avec une once de tronches éclatées et de cervelles répandues) est franchement rehaussé par ces inversions de codes qui nous fait (les garçons en tout cas) réfléchir à des choses tellement grosses qu’elles étaient devenues invisibles. Du coup il va être dur de lire ou regarder un western normalement après ça! La féminisation des noms joue également ce rôle de perturbateur de lecture (vous savez, on ne lit qu’une partie du texte, on devine l’essentiel). La Christe s’appelle Jesuse et l’on se confesse à sa mère,… On atteint le summum des nœuds lorsque bien entendu la femme doit se déguiser en… femme et l’homme en homme… Les auteurs s’en sont donné à cœur joie dans cet embrouillamini et personnellement j’adore!
Niveau dessin c’est du Bertail: lavis sépia dont il a l’habitude, décors magnifiques et gueules tordues. J’avais découvert cet auteur sur l’excellente série d’anticipation Ghost Money (scénarisée par Smolderen), sur des tons plus bleutés mais également au pinceau. Il est vraiment fort et semble produire avec facilité. Sa technique ne donne pas des dessins très techniques mais vraiment esthétiques (la section dans les Rocheuses est magnifique). Je regrette qu’il abuse un peu de tronches à la fluide glacial (on est parfois pas loin d’Edika…), mais c’est sans doute le genre qui veut ça. L’esthétique du western est superbe et par moment on aimerait qu’il redevienne sérieux et nous propose une vraie histoire de l’ouest, de sang et de fureur…
Mondo reverso est une excellente surprise, pas loin de l’esprit « n’importe quoi » de la série Infinity 8 (dont le premier volume est signé… Bertail) qui paraît en ce moment. Pas loin du 5 Calvin que j’aurais peut-être mis si j’avais eu l’édition collector entre les mains en place de la version numérique.
Bof ! Le scénario n’est pas terrible, voir inexistant. Les femmes sont des hommes et vice-versa. Ok et alors !? Par contre , je trouve le dessin très joli. Le monochrome est très chouette. Bref, peut ou pas d’humour, et même pas de sexe. Fluide glacial c’est plus ça !
Comment dire...
C'est du fluide glacial, quoi.
Si vous aimez l'humour potache et les histoires sans ambition, cet album est fait pour vous.
Mais si vous vous attendez à un album classique, un western, vous serez déçu.
Graphiquement, c'est du Bertail, mais du Bertail gaché, un peu comme on jette de l'argent par les fenêtres.
Ce dessinateur est tellement bon qu'il est dommage de l'utiliser pour des choses comme ça.
C'est vraiment dommage qu'il ne consacre pas plutôt son temps à de vrais projets.
Car le scénario est entièrement basé sur une inversion des rôles (les femmes matchos, des hommes sans virilité, un monde dominé par des femmes). Mais il n'a rien d'original, passé ce postulat de base.
ca me rappelle un film avec des enfants dans le rôle des adultes. Ca n'apporte rien, et j'ai lâché l'affaire à la moitié.
gardez votre argent pour d'autres albums de Bertail.
- Cette histoire se déroule dans l'Ouest sauvage ou les femmes exercent un pouvoir sans limite sur les hommes.
- Il est difficile d’imaginer qu’à travers cette époque très rude et très difficile à vivre que ce sont les femmes qui détiennent tous les pouvoirs sur tous les niveaux jusqu’aux tenues vestimentaires, tout en restant des femmes à part entière. Loufoque mais c’est ce qui fait le charme de cet album.
- Dans cet album Arnaud Le Gouëfflec respect tous les codes du bon vieux western, duels, bagarres, rencontres avec des Indiennes, etc. Au milieu de tout cela apparaît notre héroïne qui est une véritable despéradette. Le scénario est bien structuré avec un découpage en plusieurs chapitres c’est le deuxième album que je lis qui est de cette conception, une nouvelle tendance ou pas? En tout cas c’est original, très bien monté, facile à lire et même très surprenant. C’est qui en fait une bonne histoire.
- Les dessins de Dominique Bertail sont tout simplement géniaux. il nous montre tout son talent. Les décors, les paysages, les personnages avec leurs expressions sont tous simplement superbes. J’adore ce travail en bi-chromie, je trouve que cela apporte beaucoup au scénario et cela correspond parfaitement à l'ambiance générale de l’album.
- En résumé: Je reconnais qu’au début j’ai eu du mal à me faire à cette idée mais tout en lisant l’histoire je suis resté captiver par celle-ci. Pour ma part j’ai choisi la version avec le cahier graphique, je vous le conseille, cet un très bel album, une histoire originale dans un western transgenre, à collectionner.