À la fin des années 1960, un étudiant de retour de voyage croise sur le ferry une énigmatique jeune femme un peu bohème. À l’occasion de ce long trajet de nuit, les deux jeunes gens se rapprochent et se confient : Emanon se souvient de toute l’histoire de l’humanité ; elle serait en réalité âgée de plusieurs milliards d’années…
Après la publication de L’île errante dans sa collection seinen Latitudes, Ki-oon propose avec Souvenirs d’Emanon une œuvre antérieure de Kenji Tsuruta, sortie en 2008 au Japon.
Le mangaka adapte ici des nouvelles de l’écrivain Shinji Kajio, mettant en scène un personnage intrigant, qui s’intègre tout à fait dans le travail de Tsuruta qui aime à convoquer de jeunes, belles et fortes héroïnes - même si la figure de « femme mystérieuse » d’Emanon pourra sembler un brin cliché. Ce one-shot (qui pourrait être suivi d’autres opus puisque Kajio a écrit un ensemble de récits) aborde les thèmes de l’évolution, de la réincarnation, à travers une rencontre fugace, un amour impossible. Le titre fait la part belle au graphisme : les personnages sont expressifs, les décors soignés, la composition claire ; un dessin irréprochable valorisé par le grand format.
Cette création souffre malheureusement du défaut de sa qualité : si cette intrigue romantique, toute en ambiance, constitue une lecture agréable et plaisante à l’œil, elle demeure peu mémorable, ce que l’on pouvait déjà reprocher à Forget me not, un titre plus ancien de Tsuruta. En outre, le caractère mystérieux du scénario semblait appeler une fin ouverte mais la conclusion ôte un peu de la magie du propos.
Souvenirs d’Emanon permettra aux lecteurs friands d’atmosphère poétique de passer un bon moment, mais laissera sans doute une impression furtive...
J'ai failli passer à côté de ce titre et c'est bien dommage. Il est rare qu'un manga puisse me faire cet effet car ce one-shot est particulièrement réussi.
Au niveau du graphisme et de l'esthétisme, c'est presque un sans faute tant c'est éblouissant de clarté, de précision et de beauté. C'est tout le dessin réaliste que j'aime mais avec cette pointe de douceur et de nuances. Les visages et les expressions des deux principaux personnages sont véritablement magnifiques dans leur authenticité.
Pour ce qui concerne le scénario, je dois dire qu'il faut accepter cette part de fantastique assez étrange sur une mémoire qui se transmet de génération en génération depuis la création de la planète. J'ai apprécié cette longue errance sur ce ferry en partance pour le sud du Japon en 1967.
La conclusion de ce récit sera assez nostalgique et touchante à la fois. Quand on referme ce manga, on se dit que c'est dommage qu'il ne soit pas plus connu. Comme dit, c'est un titre qui est passé inaperçu mais qui mérite le détour. Sans conteste.
Emprunt de légèreté et d’une certaine poésie, Souvenirs d’Emanon se lit savoureusement.
L’intrigue est simple et claire mais ce qui compte à la lecture, c’est la manière dont l’auteur la développe. On trouve d’abord un personnage des plus intrigants, Emanon, dont le nom est l'anagramme de No Name. Avec ses grands yeux expressifs, elle rappellera sans doute à chacun une personne qu’il ou elle a connu par le passé. L’histoire est simple mais troublante et ce, à chaque instant. On note que la narration comme les cadrages montrent un récit posé et conçu méticuleusement où chaque image est importante pour la progression du récit. Enfin, j’ai adoré la rencontre finale entre l’héroïne et le jeune homme, intemporelle. Cette rencontre m’a particulièrement touché.
Côté graphique, je trouve le trait de Kenji Tsuruta fin et très expressif. L’apparente simplicité du dessin, très jolie, révèle une conception graphique élaborée .
Souvenirs d’Emanon est une très belle lecture qui vous enchantera. Plus particulièrement si vous aimez la SF ou certains animés de Miyazaki, comme Le Voyage de Chihiro.
Bonne lecture.