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n 1940, il aura fallu moins de six semaines pour que la France soit battue. Martin Favre, un jeune militaire, choisit de se rendre à Londres où son chemin croise celui des forces menées par Charles de Gaulle, de même que celui d’une jolie Anglaise qu’il a fréquentée à Paris. Le brigadier d’artillerie se joint à une poignée d’hommes qui s’entraînent pour se rendre en Afrique où ils établiront les bases en vue d’une reconquête de leur pays. C’est ce que raconte Thierry Gloris dans Ici Londres, qui fait suite à Nous vaincrons!
L’auteur est ambitieux et son propos s’aventure dans de nombreuses directions. Il est question des amours et des amitiés du héros, des relations que le futur président français entretient avec Winston Churchill et de la guerre sur le continent noir. Les thèmes se multiplient et de l’ensemble se dégage pourtant une impression de lenteur. Le récit se conclut d’ailleurs sur un fait d’armes significatif d’un point de vue historique (la bataille de Koufra en Libye), mais il est présenté d’une telle façon qu’il se révèle presque banal pour le lecteur. Le bédéphile a la sensation de lire un album de transition alors qu’il s’agit bel et bien de la conclusion du diptyque. En fait, cet opus s’inscrit dans le projet Génération française, lequel est composé de trois fois deux tomes explorant autant de perspectives sur le conflit : l’exil, la résistance et la collaboration.
Le trait réaliste d’Eduardo Ocaña illustre avec justesse le discours du scénariste. Dans une telle aventure, réalisée en parallèle par trois illustrateurs, l’artiste adopte un style passe-partout, évitant ainsi de prendre trop de distance avec le coup de pinceau de ses confrères. Malgré ces contraintes, il tire son épingle du jeu, notamment avec des scènes de combat particulièrement saisissantes. Le découpage s’avère pour sa part dynamique, les vignettes abondantes, les plans variés et les onomatopées retentissantes ; bref, du travail bien fait.
Au fil des ans, la Deuxième Guerre a inspiré des milliers de romans, films et bandes dessinées. Ces œuvres sont souvent consacrées à l’Holocauste, à la résistance ou encore à la libération, mais plus rarement à la réappropriation militaire de l’Hexagone, d’où l’intérêt de ce livre qui, s’il n’est pas sans défauts, a le mérite d’aborder les hostilités avec un éclairage différent. Peut-être l’historien aurait-il eu besoin de plus d’espace pour s’exprimer.
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