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ournaliste parlementaire rêvant de grands reportages, Paulette Blackman profite de l’annonce de la découverte d’une nouvelle espèce de singe en République Démocratique du Congo pour extorquer à son rédacteur en chef la permission d’aller sur place afin de couvrir convenablement ce sujet passionnant. Ça tombe bien, elle connaît un traducteur qui est d’accord de l’accompagner. Évidemment, ce qui semblait si facile à entrevoir depuis Bruxelles va rapidement se révéler cauchemardesque arrivé à Kinshasa.
Après Madame Livingstone, Christophe Cassiau-Haurie et Barly Baruti se retrouvent pour une nouvelle histoire ancrée en Afrique. Vaguement saupoudré de références au passé colonial du Congo et à son actualité (du moins, celle qui parvient en Occident), le récit penche finalement plutôt vers le thriller psychologique et l’aventure classique. Griot halluciné, faune sauvage et marche forcée dans la jungle, l’exotisme fait un peu de place à une certaine réalité avec des milices engagées par de mystérieuses multinationales, sans oublier le drame des enfants-soldats. Linéaire et guère original au final, le scénario se révèle néanmoins carré : anicroches et coups fourrés se succèdent à un bon rythme, alors que la tension monte au fil des jours. Pour ce qui est des personnages, Anaclet Verschuren, cet « Africain flamand » polyglotte à cheval entre les deux continents attire l’attention. Malheureusement, le portrait qu’en tire le scénariste reste superficiel et convenu.
Graphiquement, Baruti a choisi une approche très (trop) ressemblante avec les travaux récents de Hermann. Techniquement, le résultat est au point, mais s’appuie énormément – au point que certaines pages semblent tout droit sortir de Jérémiah - sur les manières du créateur des Tours de Bois-Maury. Passé outre ces similitudes, la mise en page, le découpage et les couleurs se montrent efficaces.
Dense et passablement interminable, Le singe jaune manque de tenue. Si les idées sont bien là, celles-ci semblent avoir été jetées sur une trame, certes solide, sans apporter de réelles nouveautés à un genre extrêmement balisé. De plus, le choix étonnant du dessinateur de calquer son art sur celui du Grand Prix Angoulême 2016 renforce l’atmosphère déroutante de l’album.
C'est un récit d'aventure autour d'une nouvelle espèce de singe découvert dans la jungle de la république démocratique du Congo. Il est vrai que l'ex-Congo Belge n'est pas véritablement ce qu'on peut appeler une belle démocratie. Nous avons en effet des politiciens très véreux dont certains n'hésitent pas à se servir des soldats enfants pour étancher leur soif de pouvoir. Ils vendent également toutes leurs richesses à d'avides multinationales. Bref, on va vivre les déboires d'une grande partie de l'Afrique.
Au-delà de la fiction et de cette pseudo quête scientifique, il sera évoqué assez largement de ces enfants qui sont nés métisses de père blanc et de femme noire le plus souvent domestiques durant la période de colonisation. C'est un sujet qui est devenu tabou car c'est souvent un triste sort pour le devenir de ces enfants totalement déracinés. Cette oeuvre rappelle toutes les erreurs qui ont été commise par les colons belges.
Au niveau du dessin, nous aurions droit à des cases assez colorées qui nous rappelle que l'Afrique, c'est également un véritable florilège de belles couleurs vives. Reste à savoir si le singe jaune existe vraiment...
Très bel album pour un coup de projecteur supplémentaire sur l'histoire si compliquée entre la Belgique et son immense ancienne colonie, le Congo. Pays aux immenses richesses, indispensables notamment pour nos "nouvelles technologies" et pourtant pays pauvre, divisé, violent, mais si attachant. Le dessin de Barly Baruti est tout à fait remarquable et les couleurs magnifiques
Le critique ne connait apparemment pas le dessinateur, pourtant l'un des plus connus venant d'Afrique, puisque Baruti a toujours eu un style proche d'Hermann. Je dirais même qu'il dessine mieux les femmes que le prix Angoulême 2016. Je trouve ses remarques sur le scénario extrêmement dures. Le sujet du métissage n'a jamais été traité et pour y avoir vécu longtemps, cette vision de l'Afrique est très proche de la réalité. J'ai lu l'album d'un trait avec grand plaisir. Mr Perroud devait être de bien mauvais humeur le jour où il a écrit ce billet...
Je ne suis pas tout à fait du même avis…
Lecture de l'album faite, je me disais qu’il en va de certaines BD comme de certaines œuvres littéraires ou cinématographiques : on quitte le récit à regret comme l’on traîne les pieds pour quitter la salle. Pour moi, "Le Singe jaune" est de celles-là. Outre les messages sensibles et les sentiments que l’on perçoit en filigranes au fil des pages, on est plongé dans une ambiance, une action, des décors hors du commun. Je m’y suis promené à la manière de certains pèlerins : trois pas en avant, deux pas en arrière pour relire des séquences et en revisiter les plans. Je me suis même surpris à penser : « dis, Barly Baruti, elle sort quand, cette histoire, sur grand écran ?? ». D’ailleurs, ce soir, je le relis, tiens, cet album, pour le plaisir de découvrir encore des détails graphiques qui m’auraient échappé. Bref. A l’intention de lecteurs hésitants, je dirai que tout amateur de BD qui se respecte mérite d'avoir cet album entre ses mains. Je crois bien qu'Hermann lui-même (dont je suis fan) ne me contredirait pas.