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adeleine est vieille et aveugle mais ni l’âge ni la cécité n’ont diminué son obstination, bien au contraire ! Peu importe les injonctions du maire et les mises en garde des pompiers, rien ne la fera déménager. Et pourtant, avec sa maison perchée sur une falaise normande qui recule à grand pas, érodée par la mer et le vent, la nonagénaire aurait bien besoin d’un nouveau logement !
Le dessin caricatural tout en bonhomie de Bruno Duhamel, peut laisser penser à un album humoristique, mais si les dialogues ont une pointe d’acidité qui fait effectivement sourire, le fond est moins léger qu’il y parait. L’héroïne est loin d’être aussi grabataire qu’on pourrait le croire et ses motivations sont plus complexes qu’au premier abord. Au travers de situations rocambolesques, l’auteur distille un savant mélange de rire et de compassion, donnant le ton à un scénario qui dévoile au goutte à goutte sa trame. Traitant avec légèreté un sujet qui ne l’est pas tant, il sait trouver les mots justes pour susciter l’émotion.
Comme souvent, la force du récit de Duhamel est portée par un protagoniste attachant. Le soin minutieux apporté à la panoplie de personnages et en particulier à leur expressivité apporte de la fraîcheur : les multiples mimiques retranscrivant de manière saisissante les divers états d’âmes. Le tout est complété par des couleurs livides et un découpage varié, apportant du dynamisme aux planches. Important quand le personnage principal se balade avec une canne !).
Petit bout de femme haut en couleur au caractère affirmé et aux souvenirs bien ancrés. L’épilogue esquisse des allures philosophiques, l’émotion se fait ressentir en ne tombant pas dans le larmoyant. Ne jamais oublier son passé pour vivre pleinement le présent.
Sur le thème "moi vivant, vous n'aurez jamais ma maison où j'ai vécu toute ma vie même si elle menace de s'effondrer sur la plage". Un maire est aux prises d'une vieille folle, je veux dire d'une pauvre vieille femme qui tient à son chez soi comme la prunelle de ses yeux aveugles. Elle vit encore dans ses souvenirs d'un homme marin qui a perdu la vie en mer.
Le ton de la bd est humoristique et l'auteur se place résolument du côté de Madeleine en la montrant sous ses meilleurs aspects. Moi, personnellement je comprends ce pauvre maire qui peut être poursuivi pénalement à tout moment s'il ne prend pas la décision de la sauver contre son gré. On a vu ce qui s'est passé lors de la tempête Cynthia. Les forces de la nature et l'érosion lié au changement climatique sont en toile de fond.
bien que tout soit déjà évoqué dans les précédents avis je ne peux que conseiller la lecture de cette histoire de Mme madeleine Proust
Original , bon rythme , personnages haut en couleur et dialogues bien trouvés
Une vieille aveugle vit au bord d'une falaise normande grignotée par la mer. Le maire tente vainement de lui faire comprendre le danger. Bruno Duhamel signe une œuvre poétique et drôle. Les dessins collent parfaitement à l'histoire qui se lit avec plaisir.
Ouvrage grand format qui donne de l'espace à un découpage aéré. L'album se termine par quelques pages de repérages photos mis en regard des illustrations qu'ils ont inspirés. Album de facture classique, sans commentaire particulier.
Sur la côté normande les falaises s'effondrent. Madeleine, nonagénaire et aveugle ne veut pas quitter sa maison dont la disparition est inéluctable, plongeant le maire dans une solution inextricable. Mais le ce dernier est un crétin et Madeleine n'a besoin de personne...
J'ai découvert Dhuamel avec ma lecture surprise du Retour (... là aussi conseillé via le prix des lycéens, comme quoi les sélections locales ça donne de bonnes découvertes!) qui traitait déjà peu ou prou des mêmes thématiques: l'identité territoriale, le temps qui passe, la contestation radicale, l'humour... Si je devais résumer Jamais, nouvelle grande réussite de cet auteur donc, je dirais qu'on est au croisement exacte entre Le retour et les Vieux fourneaux, comme si Madeleine était le quatrième larron des affreux de Cauuet et Lupano qui se serait perdu sur la côte normande. Et ce sera le seul bémol éventuel que l'on peut trouver à cette BD qui est très proche de ce que Duhamel a pu faire. Mais quand c'est bien pourquoi se priver?
Car l'auteur a un vrai talent de dialoguiste à coup de punchlines percutantes issues de la culture Audiard. Madeleine est une très forte tête, qui n'est pas là pour faire chier le monde comme une Carmen Cru mais est fondamentalement solitaire dans son monde de silence, accompagnée par son chat obèse et le fantôme de son mari. Elle ne demande rien à personne et seule la confrontation de deux mondes, celui du maire, moderne et réglementé, qui ne conçoit pas que les précautions de sécurité ne soient pas respectées (un vieux c'est dans une maison de retraite et les zones dangereuses on les évacue manu militari!) et celui de la mamie va créer le conflit.
Graphiquement on est dans l'école Pilote avec des orientations semi-réalistes par moment, notamment au niveau du découpage et des effets graphiques inspirés (notamment ces pages de souvenir ou de visualisation de l'effet "Daredevil"...) qui peuvent rappeler Janry dans ses années Spirou. Ça n'a rien de révolutionnaire mais c'est très solide dans le style humour, accompagnant ce pour quoi on lit l'album, les dialogues.
Dès la première page Duhamel nous place dans le contexte d'Astérix, avec une tordante variation des engueulades entre le forgeron et le poissonnier gaulois. L'esprit est posé et l'humour avec. On se poile tout le long, tant par les situations que par les tronches que tirent les personnages. Beaucoup moins mélancolique que son précédent album, Jamais est un cri d'amour à la liberté et l'on aimerait qu'il prolonge les aventures de Madeleine, un vrai bon personnage, attachant et fort.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/03/27/jamais
Normandie, la falaise s'effrite menaçant une maison. Mais, la propriétaire, une vieille femme aveugle, refuse de quitter son domicile malgré les supplications du maire du village.
Le scénario est vraiment sympa et met en scène des personnages attachants. Même si l'idée de base m'a séduite, j'ai trouvé la fin très étrange. Bref, cela ne m'a pas convaincu...
Les protagonistes sont remplis d'humanité et chacun a son petit caractère avec lequel il faut composer. Ils font clairement la force de cette BD. Je pense que tout repose sur eux plus que sur le scénario.
L'esthétique ne m'a pas non plus séduite. J'ai été déçue par le style un peu enfantin. Les paysages en revanche sont sublimes. Il y a un tel écart entre les magnifiques décors et les traits des personnages que je me suis sentie désarçonnée. Il y a de belles couleurs et une jolie ambiance générale mais le trait m'a gêné sur certains aspects.
Bref:
Une lecture en demie teinte.
http://aufildesplumesblog.wordpress.com
Je serais un peu plus nuancé que mes camarades. Ceci n'enlève absolument rien au talent de Bruno Duhamel.
Cette histoire est plus légère que les précédente et j'avoue avoir un peu de mal à m'y retrouver même si il est évident qu'elle contient un message. J'ai préféré "le Voyage d'Abel", lui aussi emprunt de poésie.
Pour le dessin, c'est toujours très travaillé et on trouve toujours plein de personnages avec des "gueules". Les cases sont claires et le dessin respire. C'est plaisant.
Bonne lecture.
Un scénario subtil et une belle utilisation des couleurs. Le thème est difficile mais la rondeur du trait, et les pointes d'humour (notamment celui de Madeleine) arrivent à égailler l'ensemble.
On est touché par Madeleine mais aussi impressionné par sa force de caractère.
Un bel album.
je suis le travail de bruno duhamel depuis kochka et au fil des année il ne cesse de me surprendre, moins médiatique que certains mais pas moins talentueux.
Ce one shot ne déroge pas à la règle.
le sujet abordé n'est pas forcement évident mais l'auteur arrive à nous faire sourire, à susciter la compassion et l'émotion.
le dessin est fin, travaillé, dynamique et les personnages tous plus expressifs les uns que les autres.
La colorisation est subtile et totalement en adéquation avec les paysages normand.
un récit enlevé qui au final malgré le thème est très rafraîchissant à l'image du climat évoqué.