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epuis 1531, les Médicis ont repris le contrôle de Florence, mais cette fois en tant que Ducs. Avec la mort d’Alexandre de Médicis, assassiné en 1537, s’éteint la lignée directe de Cosme l’ancien. Les quatre conseillers qui exerçaient en réalité la gouvernance font nommer un membre d’une branche cadette. Ils pensent pouvoir en faire un homme de paille, mais le jeune homme ne l’entend pas ainsi. Il a même de grandes ambitions pour lui et son duché.
Depuis le premier tome de la série, Olivier Péru a trouvé le ton juste pour faire vivre cette saga familiale. Une fois encore, il parvient à retracer le règne d’une figure emblématique de la Renaissance italienne, qui fera de sa cité la capitale de l’État toscan. Sa grande réussite est d’avoir construit son récit en lui donnant un aspect romancé, loin du ton professoral qui colle bien souvent aux chroniques historiques. Malheureusement pour le scénariste, le lecteur et ce personnage hors normes, le graphisme est très décevant. Francesco Mucciacito ne semble pas très à l’aise avec les gros plans alors qu’il en a beaucoup à gérer. Les visages sont ternes, les cadrages et les angles manquent de variété, bref les planches souffrent cruellement d’un déficit de charisme et d’émotions.
Un portrait toujours aussi intéressant terni par une mise en images par trop quelconque.
Cosme, lointain ancêtre du premier des Médicis Florentin à porter ce nom, n’aurait pas dû prendre la tête de la ville et avoir cette vie de pouvoir qui fut la sienne. Mais certaines personnes pensant l’utiliser comme un pantin sont venues le chercher et le placer à la plus hautes des fonctions. Une fois reconnu par le Sénat, Cosme, tel Machiavel, va faire le ménage autour de lui et s’adjoindre de nouvelles alliances avec des notables de Florence.
Cosme est un manipulateur et un stratège hors norme qui puise ses idées dans les écrits de Machiavel qu’il consultera dans la bibliothèque privée du pape Jules. Pour lui le vrai danger vient de son cousin Lorenzaccio avec qui il a d’excellentes relations pendant sa jeunesse. Celui-ci a fuit Florence suite à l’assassinat de son cousin Alexandre laissant place libre à Cosme.
Cosme redonne sa grandeur à Florence mais reste obnubilé par son cousin. Il va ainsi le faire traquer dans toute l’Europe. Abandonnant toute envie de pouvoir après de nombreuses années, Lorenzaccio va baisser sa garde. Cosme toujours à l’affût en profitera pour le faire disparaitre.
Quatrième tome très passionnant décortiquant par de nombreux flash-back la manière dont Cosme de Médicis se prépare au pouvoir dès sa prime jeunesse, pas à pas, avec un art consommé de manipulateur hors norme. Le destin lui offrira le pouvoir qu’il n’attendait pas forcément mais qu’il saura utiliser admirablement.
Le dessin de Francesco Mucciacito est dans la lignée de ses prédécesseurs. Dans ce style de séries aux multiples dessinateurs, bien souvent ce qui peut nuire est le manque de continuité dans la qualité graphique. Pour le moment ce n’est pas le cas.