L
a couverture donne le ton : Luna, une petite fille de peut-être sept ou huit ans, tombe dans l'obscurité. L'obscurité, c'est son quotidien. Passées les peurs nocturnes, lancinantes et épuisantes, la douceur de la lumière du jour est éphémère. Se convaincre de ne pas sourire, dire au-revoir à une mère absente avant de partir à l'école et, surtout, chercher ailleurs ce que la noirceur de la vie ne peut lui offrir.
En dire plus serait dévoiler de trop le scénario habilement ficelé par Ingrid Chabbert. La scénariste du très remarqué Écumes, n'arrête décidément plus de surprendre cette année en dévoilant quelques cordes de son arc, qui semblait pourtant uniquement destiné à un jeune public. Elle parvient, dans Luna la Nuit, à distiller par couches successives les éléments qui vont contribuer à découvrir la vérité sans pour autant perdre le lecteur en route. C'est habilement fait : l'onirisme et le réel s'entremêlent avec beaucoup de douceur et de tendresse. Tantôt une pleine page dans laquelle le noir domine, tantôt une planche où la couleur s'invite et enveloppe Luna dans l'un de ses rares moments de quiétude. Clémentine Pochon, dont c'est la première bande dessinée, accompagne au dessin les textes avec délicatesse, sans trop en faire. Léger et efficace.
La dernière page refermée, l'envie subite de recommencer la lecture, malgré l'âpreté du thème, est sans nul doute la preuve irréfutable que cet album, édité par les Enfants Rouges, est une sacrée réussite.
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