D
ans une petite ville d’Italie, on ne parle que de deux choses : le hold-up sanglant que vient de subir l’agence postale et le prochain combat d’un jeune boxeur local. Au milieu des rumeurs, Nica, jeune adolescent zonant dans les rues, veut s’enfuir avec sa copine pour échapper à des frères trop protecteurs. Pendant ce temps, Miché, ancien pugiliste, devenu cocaïnomane, cherche à se procurer de la drogue, tandis que Marcia, mafieux repenti, vend ses paninis, s’obstinant à refuser la protection de la pègre qui s’impatiente de plus en plus. La rencontre de ce petit monde risque d'être explosive.
Habitué à écrire des films, Stefano Nardella, s’attaque ici à un album à l’atmosphère sulfureuse dont la mise en scène bien léchée et la maitrise du découpage témoignent de son ancien métier. Livrant un polar classique mais efficace, l’auteur parvient pour son premier livre à maintenir en haleine, tout au long du récit. Jonglant adroitement entre les différents personnages, le scénariste met en avant tout son savoir-faire, en particulier lors des moments finaux durant lesquels la tension est palpable.
Via cette panoplie de protagonistes aux mines patibulaires et aux caractères bien trempés, Vincenzo Bizarri instaure une ambiance à la fois chaleureuse et dure. La couleur érugineuse, dont se détache le rouge du soleil italien, rajoute l’impression d’un milieu sclérosé et renfermé sur lui-même, dont il est difficile de s’échapper. Les grandes cases font la part belle au graphisme du dessinateur dont le crayonné correspond à merveille au propos du récit. Malgré le côté caricatural, son coup de pinceau sonne vrai et plonge immédiatement le lecteur dans cet univers sordide.
La Cité des Trois Saints est une histoire prenante dont le schéma classique ne nuit en rien au plaisir de lecture. La maîtrise du dessin et du scénario des deux comparses italiens se traduit par un bel album qui ne sera reposé qu'une fois terminé.
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