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n puissant prince dont l'épouse est stérile a entendu parler d'une vieille qui fertilise miraculeusement les vaches et exige qu'elle fasse la même chose sur son épouse. Hélas, la princesse met au monde un troupeau de veaux avant de mourir d'épuisement tandis qu'à l'étable nait d'une vache un petit parfaitement humain. Fou de rage, le prince brûle l'inconscient qui lui rapporte cette nouvelle, le feu se propage et la ville prospère finit en cendres. Zoglu, l'enfant à moustache, est élevé par la vieille sorcière jusqu'à ce qu'elle le mette à la porte pour découvrir le monde.
Avec Baba Yaga sur sa maison à pattes de poule, Papa Zoglu adopte le ton cruel et souvent absurde des contes russes pour mettre en parabole les débats très actuels sur les questions de filiation. Ceux qui ont déjà eu affaire à la narration slave retrouvent les éléments propres au genre qui se rapproche plus de Ma mère l'Oye que de Disney. Le monde est cruel, les innocents sont maltraités injustement et certaines fins, loin du "vécurent heureux", prennent une saveur douce-amère. Le héros gagne un bonheur relatif, celui qui semble le mieux adapté, et offre ainsi une leçon de vie. Tout le monde ne finit pas tsar et certains se contentent d'un jardin de Candide. Papa Zoglu jongle tout au fil de ses quatre-vingt-seize pages entre le récit initiatique, la farce truculente médiévale et les préoccupations contemporaines post-mariage pour tous.
Dans un décor étrange qui reprend les codes de la peinture et des vitraux romans, le fils de la vache part en quête, il croisera des chevaliers teutoniques amoureux, une belle veuve sous clé et un ramoneur, tous aux prises avec la bêtise de la société qui les entourent et à qui, sans le savoir, il apportera un cadeau inattendu. Difficile de trop en dire sans gâcher la lecture de cet ovni littéraire. Après le très remarqué Junker, Simon Spruyt reprend avec bonheur ses lavis et aquarelles pour concocter cette histoire magique à plusieurs niveaux de lecture.
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