D
ans le camion qui ébrèche la route caillouteuse, Luz est pensive. Comme Sidi et Ermo, elle est impatiente d'arriver à Barcelone pour y retrouver Lecha, son amoureux blessé. La troupe de saltimbanques s'est morcelée : Nacio repose en paix dans son village natal et Chico a choisi d'y rester pour aider les familles et les nombreuses veuves. Sur le chemin, une fuite d'huile oblige le quatuor à s'arrêter. Ce contretemps n'est que de courte durée car un char accepte de les remorquer jusqu'à un hameau dirigé par Jimenez, communiste convaincu. Ce chefaillon, extrémiste dans ses actes et ses pensées, mène ses hommes à la baguette et la justice comme bon lui semble, malgré les tentatives de modération d'Antonov, le russe qui le seconde. Les artisans du cirque passent ainsi du statut d'invité à celui de prisonnier. C'est oublier que la liberté ne se met pas en cage. Barcelone n'est plus très loin : courage, fuyons !
Voici la deuxième partie de l'intégrale consacrée aux aventures d'Ermo, le petit garçon pris dans la tourmente du célèbre conflit espagnol des années trente. Bruno Loth propose un éclairage original de ce pan d'Histoire à travers les yeux d'un orphelin intelligent et débrouillard recueilli par des forains. Le fond riche est dynamisé par les diverses péripéties qui allient fiction et réalité, ainsi qu'une petite touche de fantastique qui allège le contexte tragique de l'intrigue.
Par rapport au premier recueil, Ermo est plus en retrait, laissant les adultes s'exprimer et se battre pour leurs idées, pas forcément idéales. À l'image du garçonnet, le lecteur se perd un peu dans les factions en présence qui cherchent chacune à tirer la couverture. Certes, le manichéisme affiché des caractères forts éclipse l'objectivité de mise mais cela permet de mettre en avant l'humanité, la vaillance et les bonnes valeurs des combattants. Légèreté et sérieux s'équilibrent ainsi au cours des chapitres, pour ne pas plomber le récit.
Le dessin semi réaliste de l'auteur se pare de nuances de gris, rehaussé de touches de couleurs chaudes, faisant ressortir certains éléments. Cette esthétique originale s'harmonise avec le contexte. Le style simple, presque enfantin, s'autorise quelques incursions dans la caricature pour accentuer l'expressivité et l'emphase des émotions.
Dernier ensemble d'une fresque authentique et majeure vécue à hauteur d'enfant, Les fantômes d'Ermo mélange habilement le destin des petites et grandes personnalités.
lire la chronique de la première intégrale
Poster un avis sur cet album