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ue ce soit à l’usine, aux champs ou dans les rues, la Première Guerre mondiale a obligé les femmes à remplacer leurs pères, frères, maris ou fils partis au front. Mais une fois le conflit terminé, il est parfois difficile de retourner à sa routine d’antan…
Les histoires du Milieu sont légions, celles de gangs féminins beaucoup plus rares. Virginie Augustin et Kid Toussaint essayent tant que faire se peut de remédier à la chose avec 40 éléphants, version british et féminisée des 40 voleurs !
Prenant pour cadre le Londres de l’Entre Deux-Guerres, les deux auteurs imaginent les péripéties d’une mafia de quartier (Elephant Castle) composée uniquement de femmes qui après avoir investi les bas-fonds désertés par leurs hommes doivent désormais lutter pour survivre contre la police et leurs anciens seigneurs et maîtres. Ce sont ici les arcanes de leur communauté et les petits trafics auxquels elles s’adonnent qui sont contés à travers quelques-unes des figures emblématiques de cette coterie pour le moins inaccoutumée.
Comme à son habitude, Virginie Augustin recherche toujours de nouvelles voies. Sur un registre résolument plus réaliste que ses productions antérieures, la voici qui refait ses gammes informatiques en retravaillant son encrage et ses noirs sur une galerie de portraits dignes d’un digest de fiches anthropométriques de Scotland-Yard. Le résultat en est vivant à souhait et sait établir une réelle empathie (ou antipathie) envers la kyrielle de protagonistes auxquels elle doit donner vie.
Sur un sujet pour le moins atypique - mais néanmoins véridique - et un traitement qui joue sur les relations humaines plus que sur les cligffhangers, Virginie Augustin et Kid Toussaint installent une série vivifiante qui mêle habilement étude de mœurs et thriller, sans tomber dans le misérabilisme. Reste maintenant à savoir s’ils réussiront le hold-up éditorial de 2018 avec Maggie Passe-Murailles ?
Initialement séduit par l’idée du girl power so british, j’ai plus eu l’impression d’un simple réplica d’association de malfaiteurs conjugué au féminin.
Quant au dessin, c’est très subjectif mais le style très abstrait ne facilite pas la proximité avec les protagonistes.
C'est vrai que le pitch de départ n'était pas très encourageant. On a tous lu des bd sur une bande de voleurs à la tire ayant des culottes courtes. La particularité de la présente étant qu'il s'agissait de filles évoluant dans le Londres des années 20.
Pour rappel, la loi interdit le vol des biens ne nous appartenant pas. Glorifier ces actions par le biais de la bd tout comme d'ailleurs le cinéma ne m'attire pas des masses. Par contre, j'apprécie les gens qui partie de rien réussissent leur vie dignement. Bien entendu, cela demande des efforts et il faut se remuer un peu.
Pour le reste, cette bd se construit également à un niveau très adulte malgré tout , les petites filles n'étant que la toile de fond. Le second volume nous rappelle la violence de ce milieu de gangster qu'il ne vaut pas mieux fréquenter. Oui, les mafieux ne m'attire guère. Je les préfère en prison à vie. Cependant, en l'occurrence, ils vont plutôt crever par balle. Je ne vais pas m'apitoyer sur leur sort.
Le titre, le dessin, le scénario, la ribambelle de personnages... tout est très original dans cette bande dessinée, la décoration et les costumes Charleston, les anciennes voitures, la vieille ville, très réussis. Le trait, toutefois, manque bien souvent de précision mais il a tout le reste qui rattrape bien ce seul petit défaut pour moi. Ce qui me plaît également ce sont les changements subits des nuances de couleurs. C'est une BD agréable qu'on lit d'une traite.
Contrairement à ce que je lis par d'autres critiques l'histoire est bien étalée sur 2 tomes. Le deuxième vient mettre la cerise sur le gâteau.
Je ne regrette aucunement mon achat. Je trouve cette BD très honorable. Et je confirme à lire absolument ainsi que le deuxième volet.
Le rythme de narration est un peu rapide, les intrigues sont nombreuses mais les effets de suspense sont trop courts, ce qui est dommage. Les personnages sont nombreux et présentés très (trop?) succinctement. L'histoire aurait pu être étalée sur deux tomes, largement. Néanmoins très attachante BD, hâte de lire la suite!