C
e soir, c'est banclette (Quoi ?! Un banquet à base de raclette évidemment) ! Et oui, Lylth, la dévoreuse de mondes, est momentanément hors d'état de nuire et la paix semble retrouvée, pour un temps. C'est l'occasion rêvée de faire bombance à Castel Or-azur et s'accorder une petite pause salutaire dans la lutte contre la déesse bleue. Les deux sœurs, Cixie et Cian, vont pouvoir fêter leurs retrouvailles, tout comme les nouveaux membres de la famille. Malheureusement, le répit sera de courte durée car des banshees réapparaissent et démontrent que, - Godferdom ! - l'infection n'a pas été éradiquée. Et soudain, surgit face au vent, le vrai héros de Troy fringuant ! La saga de Lanfeust entame un nouveau volume.
Même si la qualité des débuts est loin d'être atteinte, le regain d'intérêt se confirme depuis quelques épisodes. Paradoxalement, depuis que la galerie de personnages s'est élargie, les possibilités de rebondissements enrichissent une intrigue qui s'était franchement éparpillée. Dans Le stratège ingénu, les éléments classiques et modernes se mélangent en un grand foutoir (du fromage bien «fée») qui, grâce à Scotch Arleston, ce vieux briscard de la bande dessinée, tient la route. Les réparties, les jeux de mots et les gags potaches sont certes moins nombreux qu'au début de la série mais continuent de faire mouche. L'humour n'ayant jamais fait dans la finesse - ce ne sera pas non plus le cas ici -, néanmoins, l'ambition est humblement de faire rire. Au final, le lecteur retrouve du plaisir en faisant confiance à un scénariste qui s'est renouvelé en retrouvant les bases et la cohérence de son univers, créé vingt-trois ans auparavant.
Le graphisme de Didier Tarquin a pu évoluer, avec un rendu plus adulte (sans parler des filles aux mensurations parfaites et courtement vêtues), mais toujours aussi vivant et riche de détails. Le folklore truculent et inventif s'étoffe de créatures aux caractéristiques improbables et cocasses.
Lanfeust est une référence dans le genre fantasy humoristique qui, marketing oblige, a tendance à se perdre dans les démarches commerciales poussives. Comme de nombreuses séries au long cours, elle connait des hauts et des bas pourtant : ce neuvième tome du troisième cycle est d'un niveau tout à fait honorable et s'avère divertissant.
Ca s'éternise, ça s'éternise ... En plus, Arleston nous ressert moult lieux et personnages de la première saga (Cixi, Or-Azur, Sphax, le Darshan et ses dieux ...); bref, autant dire qu'on est une fois de plus au niveau zéro de l'originalité. Sans compter quelques passages franchement ridicules (le dieu darshanite Lanfeust, la station balnéaire des dieux qui font des châteaux de sable ...). C'est dommage, car ce tome est suffisamment riche en péripéties héroïques et comporte quelques idées intéressantes (comme le sort réservé aux épouses de Lanfeust (qui pourraient dès lors tirer profit de cette nouvelle situation et gagner en intérêt) ou la nouvelle transformation de Lylth, qui en fait un être maléfique plus dangereux que jamais). Bref, pas trop mal dans l'ensemble, même s'il y a beaucoup d'airs de déjà-vu.
En espérant que le prochain tome clôturera cette saga assez moyenne jusqu'à présent.