A
u temps de la prohibition, Joe Masseria, un mafieux new-yorkais, confie à Lou Pirlo, un petit truand à la jolie gueule, mais sans envergure, la mission de se rendre en Virginie pour conclure un accord avec Hiram Holt, un producteur de whisky d’une qualité exceptionnelle. La tâche s’annonce facile, mais le distillateur s’avère plus coriace que prévu, comme en font foi les cadavres d’agents fédéraux venus enquêter. Ses enfants semblent davantage ouverts à la négociation ; la lune brille, tout espoir n’est pas perdu… mais voilà que la forêt dans laquelle est dissimulé l’alambic apparaît infestée de loups-garous. Puis il y a ce groupe d’Afro-américains qui pratiquent d’étranges rituels. Pas facile le métier de gangster.
Signé Brian Azzarello, Moonshine à moins d’ambition que d’autres de ses récits, par exemple la saga 100 Bullets. Cela dit, l’homme a de l’expérience, il sait construire une histoire et maintenir la tension. Alors, même si le scénario est court, l’enchaînement des scènes d’action tient l’amateur en haleine. Après tout, dans cette anecdote il y a des bandits, des psychopathes, des monstres et des magiciennes. L’ensemble se révèle certes un peu brouillon, mais il demeure fort agréable.
Dans le dessin d’Eduardo Risso, tout est violence : d’abord le sujet, puis la froideur du trait, sans oublier les teintes généralement crues et l’absence de décors qui démontre qu’il n’y a pas d’évasion possible. La composition témoigne d’une belle audace, les cases adoptent tous les formats ; certaines sont posées de travers et d’autres sont empilées, à tel point que l’observateur croit qu’elles jouent du coude pour occuper l’avant-scène. Bien des planches sont en bichromie, noir et rouge, noir et bleu et les autres font appel à un spectre chromatique plutôt restreint. Les couleurs ajoutent peu, mais elles n’enlèvent certainement rien. En fait, elles sont assez réussies.
Un bémol : Le papier est mince, tellement qu’au travers des larges aplats très foncés le bédéphile devine en ombre les éléments du verso.
Un premier tome qui ouvre de nombreuses portes. Voyons voir si les auteurs arriveront à toutes les refermer dans la deuxième partie du diptyque.
C'est simple : je me suis arrêté au milieu. Trop confus, trop compliqué, des dessins inexpressifs et enlaidis par une colorisation affreuse. Le scénario est basique, à peine sauvé par une ambiance qui se veut moite et étouffante. Cela pourrait marcher si je m'étais attaché aux personnages, mais comme ce n'était pas le cas, tout cela est tombé complètement à plat.
C'est rarissime que je n'aille pas au bout, mais là, les forces m'ont manqué.
1/5 : décevant et sans vraiment d'intérêt.
1929, la Prohibition. Un parrain de New-York envoie son homme de main Lou dans les Appalaches afin de convaincre Hiram Holt de lui vendre son exceptionnel alcool. Mais lorsque les jolis cœurs de la pègre newyorkaise débarquent avec voitures et mitraillette Thompson dans ce coin reculé et sauvage, les règles ne sont plus les mêmes et les cadavres atrocement mutilés qui apparaissent laissent penser que quelque-chose d’anormal se cache dans ces bois…
Urban continue son formidable travail pour dénicher le meilleur du comics américain dans son label Indies. Scénarisé par le vétéran Azzarello qui retrouve son comparse de 100 bullets (prix Eisner) l’argentin Eduardo Risso, Moonshine propose une histoire de loup-garou dans un contexte de Prohibition avec touts sa coloration habituelle des borsalino, berlines et mitraillettes à camembert.
Je découvre donc les deux auteurs (connaissant leur réputation) et cet album confirme leur maîtrise chevronnée. Découpages variés, jouant sur les plans et les noirs, scènes muettes très chouettes. Techniquement tout est en place, efficace. L’intrigue narrée à la première personne est là-aussi classique des histoires de gangsters 1920: désabusée, enchaînant les séquences en va et viens sans que l’on ne sache qui veut quoi hormis la bête que l’on découvre dès les premières planches. L’articulation entre fantastique et mafia tarde à venir. Ce n’est pas bien grave car on est bien pris dans l’ambiance, mais on sent un certain train-train dans le couple artistique qui a dû produire cette série assez rapidement, sans grande prise de risque.
Comme d’habitude dans le monde du comics la couverture est fort réussie… mais l’intérieur bien moins. L’illustrateur (que je ne connaissais pas) Risso n’est pas manchot, mais sa technique tout ordinateur avec des couleurs pas terribles produit un dessin pas mauvais mais franchement banal. On est à la croisée de Frank Miller (lorgnant parfois vers Sin city, parfois vers le Dark Knight), de Tim Sale et de Frank Quitely (pour le style de visages et la technique informatique). Plutôt de bonnes références mais je trouve que l’artiste aurait dû assumer un graphisme vraiment noire en jouant sur les ombres en noir et blanc. Du reste les ambiances sont là: la magie est présente, les créatures de la nuit, les trognes des malfrats en tailleur rayé: la Prohibition est une période aussi graphique que le Far-west et c’est toujours très sympa d’y lire des histoires. Quelques passages oniriques en peinture directe cette fois-ci montrent la qualité de l’illustrateur et un album entièrement dessiné de cette façon aurait grandement gagné graphiquement. Les rythmes (mensuels) imposés dans la BD américaine incitent souvent de très bons artistes à produire certaines planches à la va vite. C’est probablement le cas ici.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/01/01/moonshine/
Je suis un peu perplexe. D'un coté on a une bonne histoire, bien construite, bien menée qui nous plonge dans un enfer à peine perceptible sur font d'horreur et de fantastique.
De l'autre on a des dessins parfois un peu brouillons avec de multiples personnages difficilement identifiables et qui se ressemble les uns les autres, le tout dans un rythme assez lent.
Résultat: un album convenable mais dans lequel l'histoire ne devient réellement intéressante qu'à partir du chapitre 4 sur 6.
Espérons que le second album de ce diptyque ne soit pas décevant et apporte toute les réponses aux événements fantastiques.
Mouais ... Ça casse pas des briques :/ L'histoire tourne en rond et Risso, sur les dessins et surtout sur les décors, fait le strict minimum. Pas dit que je poursuive cette série.
Bof ! Cela traîne un peu. Le rythme est lent. Aucune info sur les événements surnaturels...sûrement dans le tome 2...