A
près avoir bourlingué quelques années aux quatre coins de l’Europe, Daria Bogdanska a décidé de poser ses bagages à Malmö, le temps de faire des études de bande dessinée. Sans-le-sou, la jeune polonaise doit rapidement trouver un boulot pour payer son loyer. Problème, elle n’a pas de permis en règle. Elle est donc obligée de se rabattre vers des employeurs pas trop regardant comme Sanad, un propriétaire de restaurant inique et manipulateur. Dégoûtée par la façon dont elle est traitée, Daria décide de contacter un syndicat et dénoncer ses conditions de travail.
Dans le noir est le premier album de Daria Bogdanska. Ce récit autobiographique, appliqué et sans concession, trouve parfaitement sa place aux côtés de Persépolis de Marjanne Satrapi et, plus récemment, de Je ne suis pas d’ici de Yunbo. L’énergie et la soif de justice sociale de la narratrice rappelle également le ton punk de Zerocalcare. L’auteure décrit méticuleusement son quotidien, son apprentissage de la culture suédoise, ainsi que ses nombreuses rencontres avec des personnes dans la même situation qu’elle. Plus généralement, elle illustre toutes les pensées qui traversent son esprit, y compris celles que génère sa vie amoureuse compliquée.
En fil rouge, la lutte acharnée pour que l’exploitation des sans-papiers cesse domine l'ouvrage et permet de lever le voile sur la réalité honteuse qui se cache derrière certaines industries. Cette description dramatique met aussi en lumière le sort réservé à une partie de la population active. Des gens comme tout le monde qui souhaitent simplement travailler pour vivre et qui se voient obligés d’accepter le pire pour tout juste survivre. La scénariste évite heureusement tout pathos en trouvant les mots justes.
Au final, même si le mélange entre les genres – l’intime et le politique - est parfois un peu surprenant et que le trait de la dessinatrice n’est pas encore vraiment totalement abouti, Dans le noir s’avère être une lecture intéressante pleine de candeur. À découvrir.
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