L
e groupe de scientifiques emmené par Eddie continue son périple en vue d'assister à la très attendue cérémonie de renaissance des Nildoror. Comme pour exiger un dû, la route se révèle non dépourvue de dangers et une des montures subit une attaque de mousse carnivore. Malgré l'intervention du guide, la bête est perdue. Cet événement soudain ravive le traumatisme à l'origine de son retour sur la planète. Une grave erreur de jeunesse, manifestation de supériorité indécente, l'a marqué profondément, à un point tel qu'un besoin de rédemption s'est enraciné et ne l'a plus jamais quitté. Va t-il trouver un exutoire et un sentiment de sérénité au Pays des Brumes ?
Cette seconde partie clôt le chapitre consacré à Belzagor, univers sorti de l'imaginaire de Robert Silverberg en 1970. Philippe Thiraut s'attache à faire évoluer la mentalité de ses personnages et notamment Eddie Gundersen, au travers de la culture et des interactions avec les autochtones. L'objet de la quête, la fameuse étape du développement des Nildoror, se révèle inattendue et constitue le point d'orgue de l'intrigue avec une brutalité insoupçonnée qui démontre la complexité de ces êtres dans l'expression de leur intelligence. À contrario, la psychologie des terriens, spécialement le duo féminin, affiche un manque de finesse qui influent sur leurs relations et fait jouer le suspense. Ce contraste illustre finalement la bêtise indécrottable de la plupart des humains.
Laura Zuccherri insuffle une réelle identité à ce monde extra-terrestre d'une beauté étrange et attirante, alternant les paysages tropicaux luxuriants, les montagnes arides et les déserts de cristaux. La sensualité des deux jeunes femmes a tendance à ressortir un peu trop, entachant le sérieux de leur rôle. Mais après tout, cela fait parti du charme exotique de l'histoire. La dessinatrice n'hésite pas à exprimer la violence de certaines scènes, sans se départir de son réalisme empreint de justesse.
Cette série superbement illustrée ne déçoit en rien et, si le fond du propos reste classique, il surprend cependant par sa teneur sombre. Un dyptique qui mérite sa place du côté des adaptations réussies.
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Sur Belzagor, après la décolonisation des exoplanètes survenue une vingtaine d'années plus tôt, la cohabitation se passe paisiblement entre humains et peuples autochtones intelligents, les Nildoror, sortes de pachydermes vaguement anthropomorphes et les Sulidoror, géants simiesques mutiques. L'ancien responsable colonial Gundersen reviens de son "exil" sur Terre et semble désireux de régler des comptes avec des évènements survenus dans sa jeunesse sur ce qu'on appelait alors Terre de Holman. Embauché par des ethnologues il va diriger une expédition secrète vers le sanctuaire sacré de la "Renaissance" qui va dévoiler des secrets enfouis sur cette planète très particulière.
Ce que l'on peut dire de ce double album c'est que le choix de communication de l'éditeur est celui du moindre risque. Qu'il s'agisse du titre, du type de dessins et jusqu'à la typo de couverture, tout semble pensé pour attirer les nombreux lecteurs de la série iconique de SF planétaire, Aldébaran et ses suites (de l'auteur Léo). L'on peut comprendre ce parti pris puisque de vraies similitudes existent entre ces deux univers et que les ouvrages de Léo ont plutôt bonne réputation. Personnellement je n'ai jamais accroché... et pourtant, je dois dire que Belzegor m'a pleinement happé et est pour moi l'une des meilleures séries BD de SF depuis quelques années!
Il faut dire que le matériau d'origine est riche et a inspiré pas mal d'auteurs depuis les années 70 (et notamment le Piège sur Zarkass de Yann et Cassegrain, là aussi adaptation, de l'auteur français de SF Stephan Wul cette fois et antérieur à l'ouvrage de Silverberg - j'avais moyennement aimé). Les thèmes de la décolonisation, de la découverte ethnologique des peuplades autochtones, du respect de l'autre, des expériences mystiques ou encore de la communion avec la Nature, sont des thèmes classiques du Planet Opera (déjà dans le chef d’œuvre Dune). Ici les auteurs ont fait un remarquable travail préparatoire de développement crédible (visuellement et fonctionnellement) des créatures, flore et matériels du futur. Le design de Zuccheri parvient à éviter le ridicule que l'esthétique de la SF 70's a pu parfois développer. La planète qui se dévoile à nos yeux est fascinante et réaliste, imaginative sans que l'on se contente de simples extrapolations de créatures terriennes. C'est un véritable plaisir que de découvrir une planète fonctionnelle et originale, comme l'avait été la visite sur Pandora à la sortie d'Avatar. Je constate années après années combien l'existence d'un univers hors-champ complexe et développé fait énormément à la réussite d'une BD. C'est le principal intérêt et la grande force de cette série de "SF ethnologique".
Si la relation entre les deux ethnologues peut paraître un peu cliché (le couple en crise renouant les liens en expédition), l'ensemble des personnages est intéressant et le mystère du fonctionnement des indigènes dure tout au long des albums de façon très efficace. L'on progresse dans l'intrigue, lentement comme un voyage à dos d'éléphant, mais résolument, ce qui donne une vraie satisfaction de lecteur. Des bribes d'informations, parfois brutales, sont disséminées entre les aller-retours de l'histoire, ce qui maintient la tension. Dans une histoire linéaire (l'aboutissement connu est la cérémonie de la Renaissance) le dénouement est plus important que jamais. Ici les auteurs retombent sur leurs pieds... peut-être un peu rapidement, mais cela reste cohérent, intéressant, bien mené. L'éditeur mène une campagne de communication importante car il sait que cette série est de grande qualité. Elle aurait pu disposer d'un public encore plus large. Personnellement je suivrais ces deux auteurs qui sont une vraie découverte et notamment le cycle des épées de verre dont les quelques visuels que j'ai vu laissent entrevoir du très bon.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2017/11/15/retour-a-belzagor
Je trouve ce 2° tome quand même un cran en dessous du précédent mais je n’ai aucune critique majeure à formuler. Voici un excellent diptyque, très agréable à lire même si concernant le scenario, les amourettes "à la Léo" m’ont semblé vraiment surfaites dans ce contexte… Mais passons.
L’ensemble est solide, exotique et splendide. Plongez dedans sans hésiter !
Très bon diptyque bien que je sois un peu déçu par cette seconde partie un peu moins captivante. Cela n’enlève rien au graphisme de grande qualité. Dépaysement et imaginaire sont de mise et ce n’est déjà pas mal. Les amoureux de SF y trouveront leur compte.
toujours les mêmes superbes dessins et toujours le même très bon scénario.
de la bd comme j'aimerai en voir plus souvent.
pas de message particulier, pas de prise de tête, juste du dépaysement et de belles images.