S
ept ans loin de ses frères et de ses terres, ça vous forge le caractère. Ainsi, Dröh a tenu sa promesse : il s'est entrainé, endurcit le corps, l'esprit et le cœur aussi. Il est temps à présent de rentrer au pays et d'insuffler l'élan au soulèvement qui apporterait la légitimité aux errants comme lui. Eux qui n'ont d'autre droit que celui de se taire et de subir. Si Port-Gris, avec ses brimades et ses humiliations, ne lui a pas manqué, l'exilé se réjouit de revoir sa famille, son neveu, sa sœur, sa mère et... Tana. Comment lui dire qu'il ne sera jamais un paysan, qu'il ne lui fera jamais d'enfant et surtout, qu'il ne l'aime plus ? Ce qu'il veut et a toujours souhaité, c'est montrer à tous les courtards que la vie de chacun a le même prix, quelque soit son origine et son rang, question d'honneur. C'est pourquoi il est devenu un cognar, un cognar libre, mais un cognar seul.
Nicolas Jarry construit une histoire en deux parties La première relate le retour et les retrouvailles du héros teintées de déceptions amères face aux réactions de ses pairs ; la seconde dévoile l'évolution de sa personnalité dans son nouveau rôle, celui de guide parmi les exclus. Le scénario détone dans la série car l'intrigue est vraiment centrée sur cet acteur et sa quête initiatique, mettant en exergue la lutte des classes et les notions de races à travers un périple qui lui a fait traverser le pays. Plus qu'une aventure à part entière, l'action sert à souligner la volonté de briser les entraves liées à l'atavisme, inhérentes à la majorités des êtres. Au fur et à mesure de la lecture, la naissance d'un leader porté par la cause d'égalité et meurtri par l'injustice se produit.
Jean-Paul Bordier (Souvenirs d’un elficologue) campe des personnages au charisme certain, évoluant au milieu de panoramas pittoresques qui possèdent charme et variété. Si les physionomies trapues ont tendance à exagérer leurs attributs, comme les musculatures hypertrophiées ou les mâchoires bien carrées, cela colle plutôt bien au monde des petits hommes.
Dröh des Errants forme un épisode atypique dans le sens où le récit est centré sur la personnalité de ce nain et l'histoire de fond, servant plus de faire-valoir à sa nature rebelle.
[RELECTURE]
C'est le premier album de la série Nains qui me déçoit. Mais procédons en ordre chronologique.
Ce tome fait directement suite à l'excellent tome 4. Dröh revient de voyage, et veut reprendre les choses là où son père les avait laissées. Il retrouve sa famille, qui vit désormais paisiblement, et ils ne souhaitent pas repartir en guerre. Les différents points de vue qui les séparent créent une belle dynamique. Les retrouvailles sont touchantes.
5 étoiles.
Mais là, on rencontre les orcs. Pour coïncider avec la sortie du premier album d'Orcs & Gobelins, Jarry se sent obligé d'inclure des orcs dans son histoire. Marketing oblige. Ça peut fonctionner, mais ça vient édulcorer l'univers de Nains. Tout de même, la guerre entre les orcs et les nains s'intègre assez bien dans le récit, même si on perd un peu l'origine de l'histoire des Errants.
4 étoiles.
Là où je déchante complètement, c'est à la fin. C'est quoi, cette histoire de réincarnation!? Dröh aurait déjà été un elfe, un humain, un gobelin, un orc, etc. Et dans la grande chaîne de la vie, il serait maintenant... un nain, et il aurait rencontré Kria un nombre infini de fois auparavant, sous d'autres formes... Et tout d'un coup, il n'a plus les mêmes préoccupations que son père!!! Et on tombe aussi dans du bla-bla philosophique sur la nature de la liberté et de la justice!! Arghh!! Quel gâchis!
À noter que je n'ai pas mentionné les fautes de français jusqu'à maintenant dans les précédents albums, mais celui-ci est celui qui en comporte le plus depuis le début de la série! Beaucoup de confusion entre le passé simple et l'imparfait, comme d'habitude. Mais aussi des aberrations telles que, page 35 "À tous les regrets que j'allais LAISSÉS derrière moi..." Au secours!!
3 étoiles, et c'est tout juste.
Deuxième tome centré sur l’ordre des errants. Nous retrouvons le fils d’Oösram, Dröh qui revient d’un long exil dans l’espoir d’achever l’œuvre de son père. Malgré ses certitudes, son retour ne va pas se passer comme il l’espérait. Ce récit traite principalement de la quête d’identité à travers ce personnage qui cherche à donner un sens à sa vie. Sa rencontre avec une prêtresse orc va aboutir à d’étonnantes révélations qui m’ont moyennement convaincu. La fin ouverte me laisse espérer que nous reverrons Dröh dans le futur. Peut-être que de futurs personnages croiseront son chemin.
J’ai passé un bon moment de lecture tout au long du récit malgré une issue qui m’a légèrement laissé sur ma faim.
Après le premier tome sur les errants, j'avais hâte de retrouver Dröh et suivre l'héritage de son défunt père.
Le concept de l'album est intéressant, mais je clôture cet album avec un léger regret. Une impression d'avoir sacrifié l'avenir de notre héros pour un scénario sympa mais qui aurait pu être différent suite aux attentes générées par l'excellent tome 4.
Il n'empêche et je le cite dans chaque critique sur la série : les décors sont à couper le souffle. On passe du temps sur les cases, beaucoup plus que dans d'autres séries, afin d'analyser et de s'imprégner des dessins.
Cet album est encore une fois une belle illustration de la société nain et de ses codes sociaux : le racisme, la hiérarchisation de la société, les relations envers les autres peuples.
Début 2023, l'album est vendu à 16€. Est-ce que ça les vaut ? Absolument !
On peut déplorer le système commercial du scénario, qui est une introduction à la série Orcs & Gobelins sortie en même temps que cet album. Un flyers publicitaire était même glissé dans l'album. Je trouve néanmoins que l'exploitation des Orcs dans cet album est excellente. Sans devoir lire un album O&G, on découvre l'étendue de l'univers imaginé par les créateurs des Terres d'Arran ainsi qu'un peuple qu'on cite dans chaque album mais qu'on apprends à connaître qu'ici.
Pour terminer, cet album apporte un vrai plus à la série (et aux autres séries) via la manière dont est traité la religion et les croyances. Un concept à découvrir dans cet album !
2ème tome des errants et quelque part le dernier. Les errants constituent l’un des 3 ordres originaux parmi les 5 décrits dans « nains », mais comme pour les albums du temple et du talion, le traitement culturel est erratique (ironie incluse). En effet, cet ordre sans droits, ni reconnaissance, est représenté par 4 activités différentes au fil des albums : paysan, ouvrier, légionnaire, mercenaire. Cela se traduit par des histoires sans lien (en dehors de la filiation entre Droh et Oösram), avec des ambiances opposées : le dessin animé du tome 19 a peu à voir avec le manifeste révolutionnaire du tome 4. Selon moi, les tomes 14 et 19 détournent le concept original d'une caste des intouchables vers des activités plus guerrières (détournement identique pour l'ordre du temple, tomes 8 et 18).
Le lecteur est encore plus perdu quand il découvre cet ouvrage qui flirte avec la philosophie et déroule une histoire au rythme déroutant. Cependant la culture des errants est bien présente à travers la multiplicité des avanies subies par ses membres et le séjour initial de Droh parmi les siens.Si les dessins souffrent parfois d’un manque d’ambition en terme de cadre et d’un style parfois trop naïf, ils soutiennent l’histoire grâce à des visages expressifs et précis.
L'histoire a du mal à exister derrière la métaphore permanente de l'errance: Droh appartient corps et âme à son ordre et ses doutes s’incarnent dans un cheminement indécis. Sa solitude, fondatrice de son errance, ne permet de pas de construire des liens durables avec d'autres êtres. Les thèmes de la violence et de la guerre constituent ensuite le sujet majeur du titre et développent une philosophie intéressante pour les terres d’Arran, basée sur la réincarnation.
Probablement l’album le plus adulte de la série « nains », « Droh des errants « ne se laisse pas digérer facilement et mérite une attention particulière. La première lecture est troublante avec un sentiment étrange de perdition. C’est à la relecture que l’ambition élevée de l’auteur devient claire et justifie notamment cette fin ouverte qui n’en sera jamais une (Spoiler : Droh ne reviendra pas).
C'est bien construit et le procédé marketing est bien huilé...
Je m'explique, cet album met en valeur les différentes castes de la race naines... et nous offre un éclairage sur le peuple orc...
Cela correspond à la sortie de la nouvelle série sœur : Orcs & Gobelins.