Comme tant d’autres, j’ai perdu de vue Monsieur de C. après qu’il eut réglé - de manière honorable quoique définitive - son différend avec feu le marquis de San Vere. Depuis cinq longues années, la rumeur voulait qu’il erre en Orient… pour le plus grand désarroi des pensionnaires de Mme Aquali fille. Mais depuis plusieurs jours, la nouvelle se répand sur la lagune aussi vite que l'eau un jour d’aqua alta, notre homme serait prochainement de retour de Corfou et MM. Dufaux et Griffo auraient la primeur de son récit qu’ils monnayeraient toutefois fort chichement. Bien que jaloux de son crédit auprès d’amies communes et de ses accointances passées, tant avec ceux qui nous gouvernent que ceux qui nous dépouillent (quoique les uns se confondent parfois avec les autres), je ne peux que me réjouir du retour de cette âme libertaire et libre qui privilégiait l’amitié aux Plombs et les largesses des jolies femmes aux ors du pouvoir.
J’ai donc revu dernièrement Giacomo de C. ; en galante compagnie, il va de soi ! Après avoir échangé quelques banalités sur le triste sort du signor Guirlando, nous en sommes venus à deviser sur le fond de l’affaire. Nous pûmes donc échanger sur le sujet tout le reste de la soirée en profitant de la générosité de notre hôte. Cette agréable discussion fut pour moi l’occasion de lui signifier mon plaisir à prendre de ses nouvelles et à lui dire que je reconnaissais dans ce "Retour à Venise" tout ce qui faisait le sel de ses exploits passés. Trop diront d’aucuns ! Mais il est toujours plaisant de boire d'un même vin tant qu’il est bon et ce crû, pour ce qui est du scénario, n’est pas des moindres. Si ce récit recèle bien quelques langueurs, il ne révèle aucune longueur - exception faite de la façon dont la signora d’Albrante éveille les sens de sa fille - et propose même un dénouement qui me laisse à penser que l’exil a changé durablement notre homme. L’heure avançant, je ne puis lui cacher cependant mon désappointement devant le relâchement – voire les imprécisions - dans le traitement graphique de certaines planches ou cases … gâchant un tant soit peu mon plaisir. Mais en souvenir des lectures d’hier, je n’en tiendrais grief à quiconque sauf à ce que cela se reproduise !
J’essayais sur le tard d’en connaître un peu plus sur la suite qu’il entendait donner à tout cela, mais notre ami, a contrario des courtisanes vénitiennes, n’aime pas à être bousculé. Nous décidâmes donc d’en rester là et d’aller goûter aux délices de quelques dames à peine masquées.
Ce premier album de retour à Venise est une vraie réussite. Le scénario bien ficelé réserve une surprise de taille à la fin qui nous fait comprendre certains éléments du début. Il devient alors évident qu’en perdant le fil de l’histoire, celle-ci peut devenir déroutante.
Le Conseil des dix possède en son sein un traître à la république qui dévoile des secrets au Sultan. Giacomo semble posséder des informations qui pourraient lui permettre d’être à nouveau un citoyen à part entière de Venise.
Dès son arrivée par bateau, il est arrêté par l’amiral Enzo Mazeo, qui remplace le défunt marquis de San Vere comme chef de la police, et est mené devant le Comte Domenici à qui il livre une lettre. Stupéfait, celui-ci l’autorise à découvrir l’espion qui vérole le Conseil des dix. Quel n’est pas l’étonnement d’Enzo Mazeo qui tout au long de l’album va d’ailleurs être mené en bateau.
Giacomo aidé de la Malizia, liée à Don Antonio Pocchini un proche du Sultan, va pouvoir monter un subterfuge des plus adroit pour impliquer le Signor Guirlando, l'un des membre du Conseil.
Cet album, pour moi, est parfait du début à la fin. Le scénario intelligent de Dufaux et le graphisme parfait de Griffo font de ce retour de Giacomo une réussite totale.
Douze ans après la fin de la brillante série mère, Giacomo C fait son "Retour à Venise". Au menu, les mêmes ingrédients que ceux qui ont fait la qualité de la suite originale: complots, humour et séduction, dans la Venise du XVIIIe siècle. La nouveauté? Les complots ont maintenant une dimension internationale…
Une intrigue inattendue et réussie par Maître Dufaux, qui n'a aucun mal à ressusciter son personnage. A noter que le dessin de Griffo a substantiellement évolué: plus épais, moins nerveux, il peine quelque peu à traduire les années qui ont passé (cinq) sur les traits des personnages. Mais compte tenu de la somptuosité des décors et de la chaleur des couleurs, c'est tout pardonné!
Je viens de lire "Retour à Venise". Même s'il n'y pas de surprise, et que toutes les femmes sont folles de son retour, Giacomo n'est plus tout à fait le même. Il a mûri, et a d'autres ambitions qu'avant. Mais où cela va-t-il le mener ? La partie n'est pas gagnée d'avance, et elle est même définitivement perdue pour son amie et complice. Je suis impatient de lire la suite.
Et j'adore la chronique de S. Salin !
Pas très objectif, en tant que fan de Giacomo C., ce retour est tout simplement réussi. On retrouve nos deux héros (Giacomo et Parmeno), qui n'ont rien changé à leurs habitudes...
L'histoire peut se lire sans forcément avoir lu les 15 tomes précédents. Dufaux et Griffo ont su, de part leur talent, reprendre les traits de caractères de nos deux fripouilles, et les souvenirs évoqués sont subtilement menés. Ce tome 1 du retour sera, je l'espère, le premier d'une longue série.