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aco est prisonnier dans un bagne à Saint-Joseph où sévit la violence et où les conditions de captivité s’avèrent extrêmement rigoureuses. Il couche avec Armand, le tatoueur de la prison. Avec ce dernier, il rêve de fuite ou, de façon plus réaliste, d’un transfert à Cayenne, un pénitencier davantage humain. Mais pour y accéder, le condamné doit être en fin de peine et avoir de bons contacts. Reste l’évasion de cette île au large de l’Amérique du Sud qui baigne dans des eaux infestées de requins. Bref, s’échapper relève de l’impossible. Pour s’en sortir, il faut être rusé, chanceux et savoir saisir les rares opportunités.
Alors que le premier tome de Paco les mains rouges se concentrait sur l’arrivée du protagoniste dans un monde auquel il devra s’adapter pour survivre, cette seconde partie raconte l’inverse. L’acteur principal a assimilé les codes et il peut maintenant identifier les failles de cette entreprise de détention. L’histoire proposée par Fabien Vehlmann demeure intéressante, le bédéphile est enchanté de retrouver un personnage apprécié et son univers, mais la magie opère moins. Un peu comme s’il était plus fascinant de le voir s’enfoncer et s’encanailler que de le redécouvrir alors qu’il émerge. Le rythme est par ailleurs très lent. Une décision heureuse qui amène le lecteur à ressentir le temps qui passe, mais cela se fait au détriment d’un récit finalement trop court.
Le dessin en bichromie (sépia) d’Éric Sagot est attrayant. Les visages de ses comédiens, généralement anguleux, contrastent avec la forêt luxuriante et tout en courbe entourant le village carcéral, de même qu’avec les œuvres gravées sur les corps des détenus. L’absence de couleurs constitue un choix quasi imposé, ; il aurait en effet été difficile de rendre l’âpreté de la vie des bagnards dans un décor paradisiaque. Il est à noter que quelques essais de colorisation sont présentés dans le cahier graphique accompagnant l’album.
Un livre poignant, une plongée au cœur d’une sous-culture qui a des règles et une logique qui lui sont propres.
Excellent diptyque, j’ai relu le premier et dévoré le second dans la foulée, l’écriture de Vehlmann est fluide, sobre et toujours très juste, les graphismes de Sagot sous leur fausse naïveté sont également hyper efficaces et très beaux je trouve.
Bref, un travail remarquable et une bande dessinée que je relirai avec grand plaisir
J'ai été déçu de la fin (les 3 dernières pages)... Sinon, le dessin et la narration sont top (ils me rappellent énormément Bruno d'ailleurs). On en apprend bcp sur la dureté des bagnes, les conditions de vie, en contraste avec le dessin plutôt "simple"... A lire!