G
agner une guerre nécessite souvent de grands sacrifices. C'est ce qu'ont dû faire les soldats du Nord afin d'acquérir un regain de force déterminant pour l'issue de la lutte contre le Sud. Perdre la moitié de leur humanité et se transformer en monstres puissants, ah, ça oui ! Grâce à cela la victoire fut belle, le succès fut grand ! La paix revenue, le geste n'en apparut que plus sacrilège. Pensez-vous, utiliser la magie, défier les dieux : il faut que cela cesse car pour le commun des mortels, ces guerriers sont maintenant devenus des parias. Atteint d'une sorte de syndrome post traumatique, les «Divins» attaquent sans raison et constituent une lourde menace pour la population. Le père de Charlotte Bancroft était l'un d'entre eux. Déterminée à venger sa mort, la jeune fille cherche le meurtrier Hank le Chasseur de Bêtes. Ce dernier va lui ouvrir les yeux sur ce que sont devenus ces héros déchus.
Le pseudonyme Maybe cache un duo d'auteurs qui, délaissant les fantômes et les princesses (Dusk Maiden of Amnesia, Tales of Wedding Rings), propose ici une série de dark fantasy. Sous une fausse apparence de shonen décérébré manichéen, To the abandoned beasts recèle une profondeur relativement intéressante et un développement prometteur. Les vétérans ne servent plus à grand-chose une fois les batailles terminées, les ronins, les Gueules-cassées et les GI traumatisés pourraient en témoigner. Faut-il pour autant les isoler, les oublier ou pire, les éliminer ? Le trio principal (Charlotte, Hank et Lisa sa très charmante assistante) évolue autour de cette problématique, se dévoilant au fur et à mesure de l'histoire et se rendant rapidement attachants, notamment grâce à de petites touches d'humour et des interactions piquantes qui soulage le fond très sombre. Loin d'être foutraque, l'intrigue mêle habilement les références historiques et un folklore de tous bords (l'ouest américain et l'avancée ferroviaire, le minotaure, le spriggan, Behemoth...). Un adversaire aux canines aiguisées s'annonce en fin de volume dans une ambiance gothique, un changement d'optique ? Si le schéma narratif semble répétitif (un cas de dérapage = une histoire = un combat), les proies se révèlent assez touchantes. C'est certainement le point à surveiller pour la suite de l'aventure.
Dans le décor de western avec son saloon, ses plaines rocheuses et ses chariots bâchés, le bestiaire, pourtant hétéroclite, s'intègre naturellement. Le trait fin et le travail soigné des nuances de gris engendrent du relief pour un rendu attrayant et de l'expressivité. Si vous ajoutez des acteurs seyants et charismatiques, la lecture n'en ressort que plus agréable.
Une thématique toujours d'actualité se dégage de ce premier tome, ainsi qu'une galerie de personnages au potentiel alléchant ; au final, aucune raison de snober le sort de ces pauvres bêtes abandonnées.
Je n'ai absolument pas trouvé d'ambiance victorienne dans ce manga. Par contre, c'est clairement une ambiance western avec ses chariots et ses saloons ainsi que ses personnages avec des chapeaux de cow-boy. A remarquer également un conflit civil qui a opposé le Nord et le Sud. Cela rappelle bien évidemment la guerre de Sécession.
La particularité est ce fantastique avec ces différents monstres et bestiaires dignes des cartes de Pokemon avec ses atouts et ses faiblesses. C'est plutôt agréable à lire mais c'est surtout réservé à un jeune public. Cela reste assez classique dans l'approche pour ne pas dérouter les lecteurs.