L
e bonheur est une quête. Heureusement qu’il y a des outils pour aider le citoyen lambda à le découvrir. Du point de vue de Platon, la clef est la connaissance. Épicure favorise pour sa part un mode de vie simple (curieusement, son nom est aujourd'hui associé aux excès). Deux mille ans plus tard, Schopenhauer croit que la félicité est dans le détachement et Nietzsche dans le dépassement de soi. En tout, dix visions de la sérénité.
Au scénario, Jean-Philippe Thivet, Jérôme Verner et Anne-Lise Combeaud font de Philocomix un véritable guide d’initiation à la philosophie. Dans chacun des chapitres, ils proposent une courte biographie du penseur, une bulle résumant sa théorie en une vingtaine de mots, une saynète humoristique expliquant sa thèse, puis une fiche illustrant la mise en pratique de ses principes. La formule rappelle certains manuels scolaires, elle a le mérite d’être éprouvée et efficace.
Le dessin, assuré par la seule femme du trio, est très sommaire et constitue essentiellement un support au propos. Elle décrit le pari de Pascal à l’aide de diagrammes et de flèches, idem pour la machine à bonheur de Bentham ; la France du temps de Montaigne, divisée par les guerres de religions, est présentée sur une carte et les tourments politiques du siècle de Sénèque sont dépeints à l’aide d’un arbre généalogique. Bref, l’artiste est créative.
Un ouvrage honnête pour se familiariser à l’oeuvre d’une poignée de grands sages ; le néophyte devrait y trouver... son bonheur.
Un vrai sujet de philo qui nous occupe depuis l’Antiquité : la quête philosophique du bonheur porte même le joli nom d’eudémonisme. Avec Philocomix, la bande dessinée de Jean-Philippe Thivet, Jerôme Vermer et Anne-Lise Combeaud (Ed. Rue de Sèvres), c’est parti pour un décathlon philosophique en BD : un chapitre par philosophe, de Platon à Nietzsche, en passant par les stoïciens qui se préparent à la mort, le fameux pari de Pascal, le bonheur au service du bien universel de Kant, l’utilitarisme de Bentham, la voie de la sérénité de Schopenhauer ou le « deviens qui tu es » de Nietzsche. Un bréviaire dont la lecture à elle seule est déjà un petit bonheur. Dessin enlevé dans l’esprit du roman graphique, clins d’œil humoristiques qui nous rapprochent un peu de ces 10 monstres sacrés, petit topo final avec des renvois sur des vidéos pour en savoir plus… : avec Philocomix, vous serez vraiment paré.e.s pour questionner le produit qu’on veut nous vendre sur tous les tons : le « bonheurisme » contemporain, associé zélé de l’individualisme.