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andis que Capucine se prépare à entrer à l'école de l'Opéra de Paris, Emma cherche toujours sa voie. Avec la reprise des cours, elle espère retrouver Jake, peut-être reprendre là où ils en étaient restés avant les vacances. Mais entre ambitions contrariées, rivalités et les premières histoires d'amour, la route des deux frangines et de leurs parents est loin d'être de tout repos.
Lena Sayaphoum fait partie de ces nouveaux artistes pour qui l'informatique et la tablette graphique n'ont plus de secret. Si les adeptes du dessin académique passeront leur chemin, les autres découvriront le soin particulier qu'elle porte à la mise en scène, à la gestion de la lumière et à la profondeur de champ. À travers son trait léger, il est aisé de voir ses différentes inspirations, qu'elles soient manga ou franco-belge (Arthur de Pins en tête). Toutefois, la dessinatrice ne se cantonne pas à ces influences, elle impose un style tout en douceur, privilégiant le mouvement - danse oblige - et la fluidité. Très à l'aise pour mettre en image l'univers contemporain et réaliste imaginé par son complice, elle fait preuve de retenue quant à l’expressivité de ses personnages et laisse toute la place aux émotions qui se dégagent de chaque séquence. Un bémol toutefois, certains jeunes filles - notamment les pestes de l'école de l'Opéra - sont parfois difficile à distinguer.
Parallèlement à Nils (avec Antoine Carrion dans la collection Métamorphose de Soleil), Jérôme Hamon propose une histoire de sœurs aux vocations contrariées. Le scénariste change de décor et délaisse la fable écologique pour un récit de passions, ancré dans notre temps, d'une crédibilité sans faille. Les relations parents-enfants, autant que les interactions entre les adolescents sont bien restituées et sonnent vrai, notamment grâce à une caractérisation réussie - malgré quelques légers stéréotypes (la jalouse, l'amoureux transi). L'auteur aborde pêle-mêle l'ambition, les remises en question, la jalousie, la rivalité mais aussi les rêves de jeunesse et les conséquences de la transposition des espoirs des adultes sur leur progéniture avec une belle sensibilité. Incroyablement juste dans le ton et dans les situations, le scénariste livre des héros en plein doute, auxquels un large public pourra facilement s'identifier, embarqués dans une trame qui se suit avec plaisir.
Atypique mais actuelle et moderne, Emma et Capucine est une série aux valeurs positives et aux questions universelles. En plus d'offrir un terrain de jeu parfait au talent de Lena Sayaphoum, elle met en avant un conteur doué. Il ne reste plus qu'à s'armer de patience pour attendre la suite des tribulations des sœurs Chereau.
Capucine devrait être aux anges ! N’a-t-elle pas été acceptée dans l’une des plus prestigieuses écoles de danse au monde, celle de l’Opéra de Paris ? Et de plus, n’est-elle pas pressentie pour tenir l’un des rôles principaux dans Casse-Noisette ?
Alors, pourquoi une telle tristesse ? Pourquoi veut-elle renoncer à tout cela, rentrer chez elle et retourner dans son ancienne école ? Serait-ce parce que sa sœur lui manque ?
Quant à sa sœur, Emma, recalée à l’école de l’Opéra, elle rêve de hip-hop. Justement, son ami d’enfance, Jake monte un groupe. Elle se produit devant lui, mais il ne cesse de dire « qu’elle n’a pas le niveau », alors même que les autres membres du groupe sont enthousiasmés par sa performance ! Pourquoi Jake se comporte-t-il ainsi avec Emma ?
Critique :
Je poursuis ma mission en quête de BD qui pourraient plaire aux petites nénettes de ma classe.
Cette BD a pour principal avantage de soulever des questions qui touchent les adolescentes et les pré-adolescentes : le manque de confiance en soi, la jalousie de ses congénères et les coups fourrés que cela peut entraîner, un amour incompris, la difficulté d’être éloignée de ceux qu’on aime, de sa famille, trouver sa place au sein d’un groupe…
Bref ! Si j’étais une jeune fille, je crois que les scénarios de Jérôme Hamon me plairaient. Probablement aussi le graphisme de Lena Sayaphoum, très déroutant pour un vieux fan de la BD franco-belge comme moi… Mais comme il disait l’autre, il faut vivre avec son temps !