L
es limbes du sommeil s'effilochent, libérant la conscience de Marcus Livius. Le légionnaire se réveille brutalement après une lutte intense contre la mort, infiltrée dans une flèche empoisonnée. Deux années se sont écoulées depuis le départ de l'Expédition secrète et les survivants ont pu enfin atteindre la cité miroitée du pays de Niangara. Tous leurs efforts et leurs espoirs se concrétisent dans cet empire à la mesure de leur ambition, démesurée. Avec un reliquat de troupe à la cohésion fragile derrière lui, le «Lion de Nubie» va devoir sortir ses griffes sans les utiliser pour mériter le trône et conquérir la reine, incarnation de ses fantasmes.
Sous les larmes sacrées de Nyabarongo amène le lecteur dans le cœur palpitant du sujet. Après avoir subi l’enfermement et l'asservissement, le corps romain, qui a perdu momentanément sa tête, se disloque et ses différents membres évoluent séparément. Richard Marazano développe en finesse leurs cheminements psychologiques dans un climat d'inquiétude latente, très bien retranscrit. Pour ce faire, les échanges avec les guerriers africains sont réduits et leur statut demeurent dans le flou, entre geôlier et allié, manipulateur et serviteur. Dans le huis-clos étouffant de ce troisième épisode, l'intrigue avance à la manière d'un reptile, sans éclat mais avec une fièvre qui entretient un suspense poisseux. L'aura fantastique reste planante, entre les rites de magie et le charisme du héros qui succombe à sa folie des grandeurs et son obsession pour la belle couronnée.
Marcelo Frusin exploite avec maestria les possibilités de l'encrage. Son trait épais et ses aplats de noirs, associés aux couleurs passées, instaurent une ambiance mystique qui colle parfaitement aux décors de cette Afrique profonde et mystérieuse. La tendance à confondre les protagonistes a disparu, les gros plans sur les regards transpirent d'expressivité et la sobriété des détails permet de mettre en valeur les silhouettes et leurs postures.
Sous couvert d'aventure historique, L'expédition mise intelligemment sur l'aspect psychologique de ses personnages dans une atmosphère singulière. Il faudra attendre le dernier tome pour faire le lien entre l'acmé et la chute du conquérant éphémère.
Exceptés le lieu et l’époque où se déroule l’action Il y a de « L’homme qui voulut être roi » de Rudyard Kipling dans cette expédition.
Cette aventure va modifier bien des comportements chez les déserteurs romains qui ont soif de richesses et de pouvoir. Marcus après deux ans de coma va affronter à mains nus un lion dans l’arène et son succès lui ouvrira les portes de la royauté. Où le mènera l’ivresse du pouvoir ? Suite au prochain album.
Aventures captivantes et passionnantes qui donnent envie de connaître la suite (dans trois ans ???). Concernant le dessin, Marcelo Frusin fait le job mais sans plus et c’est peut-être le seul regret.
"Marazzano développe en finesse etc" ... Qu'est ce qu'il ne faut pas lire ! Marazzano, c'est tout ce qu'on veut, mais certainement pas de la finesse! La seule qualité de Marazzano, c'est de savoir choisir ses dessinateurs.... Quant aux dessinateurs, comment peuvent-ils accepter de voir leur talent gâché de la sorte ?
voila encore un album que j'ai attendu avec une grande impatience.
3 ans c'est long.
mais l'attente valait le coup tellement l'histoire est prenante.
après une aussi longue attente il est conseillé de relire les albums précédents.
j'espère ne pas attendre 3 ans pour la suite.