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L 'éclat de la lune se reflète dans les larmes de Louise : son compagnon viens de la quitter, la laissant seule avec ses fantômes. Car, contrairement à ce que tout le monde prétend, les morts ne montent pas au ciel. Elle, ses proches évanescents l'entourent, l'envahissent et l'étouffent, à un point tel qu'elle en oublie les vivants. Il est donc plus que temps d'aider la jeune fille à retrouver le sourire : mission pour Phedka, une petite étoile de la Grande Ourse. Depuis les hauteurs, cette constellation veille sur les enfants et soulage leur tristesse. Commence alors un voyage sous d'étranges latitudes, avec un soupçon de souvenirs et beaucoup d'imaginaire, en vue d'un avenir salutaire.

Voici le premier album de la dessinatrice Sanoe dans la collection Métamorphose où l'onirisme et l'esthétique dominent. La beauté des illustrations est indéniable : mélange audacieux d'inspiration manga (visages), de réalisme animalier et de folklore mexicain (la fameuse Muerte). Les jolies couleurs, profondes et naturelles, participent grandement à l'ambiance envoutante, surréaliste et parfois inquiétante. Le lecteur accompagne Louise dans son parcours, sur la plage, le long de la rivière, dans la forêt et à l'intérieur d'un château cristallin. Le découpage simple à base de grandes cases carrées ou arrondies installe un rythme agréable de promenade qui... finalement passe très vite.

Le scénario est à l'image du graphisme : éthéré. Elsa Bordier joue énormément la carte du symbolisme et de la métaphore, instaurant un flou déconcertant entre la frontière du réel et du rêve. Pourtant la thématique assez lourde laissait présager d'une base réflexive sérieuse et triche. Force est de constater que le sens des étapes franchies par l'héroïne, sensées apporter une évolution constructive, demeure relativement énigmatique. Les personnages secondaires n'annoncent pas de rapport évident et il 'y a pas d'épreuve à proprement parlé. De plus, Louise reste peu expressive, avare de parole et d'émotion. Au final, l'empathie ne fonctionne pas.

Malgré un dessin original séduisant et une thématique sérieuse prometteuse, le propos manque cruellement d'épaisseur et de pertinence. La grande ourse s'avère être une jolie ballade visuelle qui ne laissera pas de trace dans son sillage.

Par L. Moeneclaey
Moyenne des chroniqueurs
5.0

Informations sur l'album

La grande Ourse

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Note: 4.7/5 (3 votes)

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 04/11/2020 à 14:00:03

    Le message véhiculé par ce conte moderne ainsi que la forme graphique m'ont littéralement convaincu. Il y a encore une forme de naïveté toute enfantine qui apporte une certaine fraîcheur. En même temps, je dois dire que je préfère cette forme de simplicité à une trop grande profondeur alambiquée. On en retient que du positif.

    Cela s'adresse surtout à des individus qui ont perdu un ou plusieurs êtres chers. Cette oeuvre peut leur apporter un peu de réconfort et de douceur. Le deuil n'est jamais une épreuve très facile.

    Blue boy Le 19/11/2017 à 14:56:03

    Une fois encore, voilà une production qui me fournit l’occasion de dire tout le bien que je pense de la collection « Métamorphoses » de l’éditeur Soleil. Barbara Canepa et Clotilde Vu ne dérogent pas à leur ligne éditoriale en nous proposant un écrin graphiquement très soigné pour une histoire enchanteuse qui nous transporte dans un univers fantastique intemporel. Et au regard de la teneur du récit, il semblait plus que logique que « La Grande Ourse » fasse partie de cette collection, car c’est bien de métamorphose dont il est question ici… Louise, la jeune héroïne, reviendra en effet de son périple littéralement transformée.

    Entre livre jeunesse et conte philosophique, le récit nous entraîne vers une quête poétique aux accents subtils et littéraires. Rien d’étonnant quand on sait que la scénariste de l’ouvrage, Elsa Bordier, est passionnée d’écriture. En outre, le dessin de Sanoe sert magnifiquement l’histoire en mettant en images un monde féérique foisonnant de détails, indubitablement inspiré des œuvres de Miyazaki. Le travail sur la couleur est également sublime et rehausse encore davantage l’attractivité de l’objet. Les deux auteures semblent véritablement en symbiose parfaite. La narration va crescendo jusqu’à son apothéose, lorsque Louise et Phekda arrivent dans le palais céleste, où l’on assiste à une profusion enivrante de tons merveilleusement nuancés, en particulier dans les bleus.

    Au propre comme au figuré, le tout est à la fois sombre et lumineux. On frissonne en retrouvant ses peurs d’enfants mais on les surmonte en prenant conscience de la beauté parfois terrifiante du monde qui nous entoure. Le passage dans la forêt est à ce titre très emblématique : la nature peut s’avérer aussi cruelle qu’admirable, et n’est pas vraiment l’endroit le plus approprié pour les Bisounours.

    « La Grande Ourse » est donc une vraie bonne surprise. Véritable ode philosophique à la vie et à la beauté, l’ouvrage se laisse autant lire que contempler, avec un équilibre parfait entre les textes et le dessin. Et comme pourrait le laisser supposer la couverture, l’album n’est pas uniquement destiné aux jeunes filles en fleurs, car il traite aussi du deuil et de la mort. Bien entendu, il serait presque redondant de préciser que cela constitue une excellente idée-cadeau à l’approche des fêtes de fin d’année.