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illy Bollemans est un vieux briscard de la bande dessinée. Son héros Terry le Basset tient en haleine les lecteurs depuis de nombreuses années et, confie-t-il à son fils Rudy, il ne doit jamais mourir. Mais lorsqu’il se rend compte que bientôt il ne pourra plus dessiner, il décide d’envoyer son fiston à Saint-Luc où il apprendra le noble métier de dessinateur, et ainsi pourra reprendre les aventures de Terry le Basset. C'est alors qu'un soir on lui apprend qu'il a disparu de l’école où on ne l’a pas aperçu depuis trois jours. Il décide donc de contacter Canardo afin que le détective lui ramène son fils sain et sauf.
C’est une plaisante reconstitution du milieu dans lequel il a gravité de nombreuses années que Sokal dépeint ici. L’affaire belge est une satyre de la vie d’un auteur de bandes dessinées, bourrée de clins d’œil à la profession, et à son environnement. On y retrouve l’enseignement, l’angoisse de la page blanche, les festivals et leurs dédicaces ainsi qu’une loufoque représentation de Bruxelles où un bâtiment sur deux est une boutique de BD d’occasion. Chacun ici en prend pour son grade, la farce étant soulignée par une savante analogie avec le sport de haut niveau, puisque comme il est si bien dit, ici les gamins ne rêvent que d’être coureur cycliste ou de faire de la bande dessinée.
Donc l’affaire belge se lit agréablement et on sourit de temps en temps aux quelques gags disséminés par ci par là. Malgré cela l’album est vite refermé et on s’aperçoit que l’histoire est assez banale. Les événements s’enchaînent sans réel lien entre eux et le détective « résout » l’intrigue sans vraiment faire grand-chose. Vient-on vraiment de lire une « enquête de l’inspecteur Canardo » ? Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à retrouver ici le Canardo des débuts. Celui-ci a définitivement vieilli et on ne le reconnaît plus vraiment. L’univers glauque, ainsi que les personnages énigmatiques inventés par Sokal sont remplacés par des figures quelconques et sans personnalité. Pour preuve le décalage flagrant entre les pages de garde de l’album et l’intérieur, à tel point que la magie des personnages animaliers ne fait plus recette. Ils pourraient être campés par des humains que l’on ne s’en rendrait pas compte.
Ce quinzième album est donc une déception pour l’admirateur des premiers temps, qui est en droit de se demander si Sokal ne devrait pas revenir se consacrer pleinement à sa série, ou tout simplement lui laisser suivre son propre chemin.
Les enquêtes de l’inspecteur Canardo, une sorte de Columbo en canard, sont devenues une œuvre majeure du 9e art. Ce polar animalier revisite toutes les règles du genre avec humour et pertinence.
L’affaire belge n’est pas un pastiche de l’affaire corse ! Canardo se retrouve embrigadé dans une histoire de disparition d’un jeune dessinateur censé reprendre le flambeau familial : la série BD de son père qui, atteint de tremblante, ne peut la continuer. Le détective au regard désabusé évolue donc dans le milieu de Saint Luc, école d’art, où il croise des individus névrosés, imbus de leur personne ou encore drogués du dessin. Un ouvrage retient son attention et l’amène à questionner un médecin quelque peu malhonnête qui délivre des produits dopants à des dessinateurs. Vient-il de soulever le voile sur une affaire d’Etat ? Toujours est-il que le jeune garçon perdu risque gros dans cette histoire. Canardo saura-t-il éviter le scandale ? Toutes les réponses se trouvent dans ce nouvel opus.
Sokal, que l’on a plus besoin de présenter, est de ces auteurs qui renouvellent sans cesse la grammaire du 9e art. Il réussit à rendre didactique cette aventure qui de prime abord n’est pas exaltante. Quel est son secret ?
Dès la première page il annonce la couleur : ce récit s’adresse à tous mais pour les initiés il y a un second niveau de lecture et pour les auteurs encore un autre. Il utilise les classiques de la littérature pour faire des clins d’œil (les trois mousquetaires) tout comme ses classiques de la BD. Au passage il égratigne quelque peu la pseudo rivalité entre la bande dessinée Française « adulte » et la Belge plus jeune, plus « ronde » qui ne s’amuse pas à ajouter des hachures partout ! L’humour belge est définitivement plus caustique que ce que l’on croit. Enfin, il est à noter que l’enquête progresse intelligemment, nous montrant les différentes étapes de la création d’un album et de sa vie après publication mais aussi des rapports ambigus entre l’œuvre et son créateur. Il y a des références cachées qui concernent l’équipe de Casterman et certains de ses auteurs.
Je viens de lire l'affaire belge. Et je n'ai pas aimé. Pourquoi ? D'abord parce que ce n'est pas le Canardo que j'aime mais ça ce n'est pas une surprise, le temps des débuts est bel et bien fini, donc ce n'est pas de là que vient ma déception.
En fait, j'ai trouvé la caricature trop grossière pour vraiment me faire rire : d'accord certaines anecdotes sentent le vécu mais à trop vouloir forcer le trait, Sokal se décrédibilise lui-même. Voir la Belgique comme un pays où les jeunes veulent devenir soit dessinateur de bd soit coureur cycliste... mouais, pourquoi pas, mais pas convaincu non plus. Et le coup du pot graphique... j'ai trouvé ça plus risible que drôle. Les déconvenues du jeune dessineux dans une école de bd ne m'a pas fait rire non plus.
Le personnage de Canardo n'a absolument rien à voir avec l'histoire, on aurait pu mettre n'importe qui. Si Sokal avait vraiment des comptes à rendre avec le milieu de la BD, il aurait pu à mon avis faire un album à part, parce que je me suis demandé tout le long ce que Canardo faisait dans l'album : ce n'est qu'un prétexte. En plus, les éléments de critique du milieu de la bd ne sont qu'effleurés, je n'ai pas senti de réelle implication de l'auteur dans ce qu'il disait. Il s'en fout de la bd ? Ben qu'il arrête d'en faire, pour moi c'est aussi simple que ça. Parce que même quand il tente de dénoncer ce qu'il n'aime pas, j'ai l'impression qu'il n'y croit pas non plus.
Bref, un album fade.
Je continue à penser que Sokal devrait tout bonnement mettre fin à cette série.