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usqu'au bout Axel a cru que son oncle professeur abandonnerait cette nouvelle excentricité : une expédition pour le centre de la Terre ! Pensez-vous, après le décryptage d'une note obscure d'un alchimiste tombée d'un vieil ouvrage, le très entêté spécialiste en géologie et minéralogie n'en démord pas : ils partiront dès que possible de Hambourg, direction le volcan Sneffels en Islande. Le jeune homme va devoir quitter sa tranquillité, la bonne cuisine de Marthe et surtout la belle Graüben, sa fiancée ! Mais pas de tergiversations car les indications sur le site du cratère se basent sur l'ombre projetée par une éminence rocheuse à la fin du mois de juin. Le temps presse, le cœur de la planète est-il aussi brûlant que les entrailles de l'Enfer ?
Après moult adaptations sur divers supports, le Voyage au centre de la terre de Jules Verne voit le jour en manga. Dans ce premier tome, Norihiko Kurazono présente les personnages et la fameuse découverte du code, viennent ensuite le voyage et la descente périlleuse jusqu'au fond du gouffre. Le récit reprend habilement le mélange original de données scientifiques, d'aventures et de suspense avec une épuration du texte, sans pour autant perdre de sa cohérence ou de sa clarté. Le lecteur cerne le caractère des protagonistes rapidement et s'attache aisément à ce pauvre adolescent qui n'a pas demandé autant d'animation ! Pour les illustrations, le mangaka adopte un trait fin et précis, afin d'être au plus proche du style des gravures du XIXe. Face au rendu rigoureux et détaillé des différentes villes et paysages, les représentations épurées de grottes auraient dû sembler monotones. Que nenni ! Grâce aux ombrages travaillés et au jeu de lumières bien pensés, l'atmosphère oppressante et mystérieuse dans les souterrains est presque palpable.
Prévue en quatre épisodes, cette série mérite le coup d'œil, que se soit pour se replonger dans un classique de chez classique qui, vu sous cet angle, n'a pas pris une ride, pour savourer le graphisme de grande qualité ou tout simplement, passer un agréable moment de lecture (deuxième épisode en décembre).
Le manga se tourne beaucoup vers les œuvres de la littérature classique comme un nouveau support pour réactualiser et faire découvrir à un nouveau public. On a souvent peur du manga car il aurait tendance à rabaisser d’après la vieille garde. J’ai eu malheureusement cette nette impression quant à ce célèbre roman de Jules Verne qu’on ne présente plus.
On aura droit à des japaniaiseries et des invraisemblances qu’on aurait pu aisément éviter. Il y a également des personnages qui sont trop caricaturaux et selon un mode qui ne baigne point dans l’originalité. On peut pardonner s’il y a d’autres qualités. Or, le récit est très intéressant par lui-même mais on ne le doit qu’à Jules Verne. Pour le reste, il faudra faire preuve d’une certaine souplesse et même de compassion. Reste un graphisme assez correct.