P
ierre a lâché ses études d’architecture il y a quelques temps déjà, mais une fascination quasi obsessionnelle pour les thermes de Vals en Suisse continue à le poursuivre. En effet, cette création signée du grand architecte Peter Zumthor l’appelle inlassablement. Une visite sur place, dans les Grisons, s’impose pour le jeune homme. Dès son arrivée d’étranges rencontres vont le convaincre qu’il y a plus que de la simple eau qui s’écoule du cœur de la montagne…
Première œuvre ambitieuse, L’aimant débute comme une auto-fiction classique avant de tourner au thriller teinté de fantastique, avec une romance en prime ! Histoire originale et déroutante ? Oui et non. En fait, tout en entraînant son héros dans des pérégrinations épiques, Lucas Harari compose un authentique récit initiatique respectant les règles du genre. Le héros à l’âme troublée va devoir passer de nombreuses épreuves avant d’obtenir, à défaut du savoir, une partie des réponses à ses questionnements intérieurs. La force du scénario tient particulièrement dans la manière dont l'auteur a su enrichir son propos de départ avec divers éléments à la limite de la philosophie (le rôle du légendaire, le rapport entre tradition et modernisme, le doute et la certitude, etc.). Haletante et parfois insolite, la lecture est prenante et déconcertante, tant les pistes que suit Pierre semblent ne mener à rien, pour mieux rebondir quelques pages après. La qualité d’écriture et l'impeccable progression dramatique sont à relever.
Graphiquement, même si le trait se cherche encore par moments, la copie se montre particulièrement inspirée. L’absence de gouttière et les couleurs « façon » bichromie à l’ancienne apporte beaucoup de cachet aux planches. Les amateurs de ligne claire à la Joost Swaart ou Jean-Claude Denis devraient s’y retrouver. Le découpage, également très bien pensé – les différentes scènes muettes, en particulier –, parvient même à faire oublier l’allure simpliste des protagonistes. Un surcroît de nuances dans les expressions auraient apporté un peu plus de corps à la distribution.
Excellent album aux finitions soignées à mettre au crédit des éditions Sarbacane, L’aimant (joli titre aux sonorités permettant toutes les interprétations) mérite que l’on s’y attarde.
Je découvre L'aimant après avoir lu la deuxième BD d'Harari, "La dernière rose de l'été". Même si les paysages ne sont pas aussi invitants que dans cette dernière, en raison de leurs bleus et gris qui donnent froid, j'ai trouvé l'histoire plus satisfaisante.
Le mystère des thermes à Vals (qui existent vraiment) que notre jeune étudiant architecte tente de déceler (ajoutons-y un élément surnaturel), et les différents personnages que notre protagoniste rencontrera font de l'histoire une fascinante aventure difficile à refermer avant d'avoir lu la dernière page.
Force est de constater que les histoires d'Harari, malgré leur format géant et leurs nombres de pages, se lisent rapidement et avec une surprenante facilité. Il est certain que je serai au rendez-vous pour sa troisième BD, si jamais il y a.
Et rassurez-vous, pas besoin d'être élitiste ni snobinard pour apprécier cette BD. Il suffit d'aimer les bonnes histoires.
J’ai tellement aimé sa dernière rose de l’été que je me devais de lire l’aimant. Voici donc le tout premier album de Lucas Harari. Le style est là. Je retrouve les ingrédients qui m’ont marqué : ligne claire, couleurs marquantes, ambiance pesante, un personnage central qui cherche quelque chose, importance des bâtiments, un paysage omniprésent.
La montagne donc ici … on pourrait penser à un catalogue de vacances mais il n’en est rien. Car ces Alpes suisses semblent cacher de sombres secrets…. La présence de la légende, du mythe voire du fantastique dans cette histoire au départ si réaliste peut décontenancer … Et la fin maintient un certain doute.
Le plaisir de feuilleter, lire un si beau livre est bien là. Je reste impressionné par ce style, ces ambiances et j’attends de voir ce que va nous proposer Lucas Harari à l’avenir !
Pas un coup de cœur comme avec « La dernière rose de l’été » mais un très bel album quand même !
Il fallait faire une bd portant sur un complexe hôtelier et thermal assez récent. Il s’agit des thermes de Vals en Suisse construit en 1996 et qui rendit célèbre son architecte. Il faut également aimer ces constructions géométriques carrées qui peuvent regorger de petits secrets. Une quinzaine de blocs assez différents sont ancrés dans le paysage au lieu même où jaillit la source. Le toit végétal permet de respecter l’environnement.
Le graphisme assez minimaliste fait très vieille école avec ses dégradés de bleus et de noirs. Fort heureusement, le propos sera un peu plus moderne avec Pierre, un jeune étudiant parisien en architecture, qui frise l’obstination à percer les secrets de ces lieux. A noter que le méchant professeur n’est pas très crédible derrière ses mauvaises manières. On regrettera également une fin qui ne convaincra pas réellement. Convenu mais tout de même bien réalisé pour rester honnête.
C’est une bd qui peut plaire à un certain public assez élitiste et snobinard. Nul ne doute du tabac qui sera réalisé à Angoulême. Pour autant, l’intrigue reste assez conventionnelle dans ses codes. Il reste l’atmosphère entre la Suisse, les montagnes et architecture moderne. Cependant, on peut être attiré comme un aimant. Pierre qui roule n'amasse pas foule dit-on.
Bon thriller fantastique, avec une ambiance enveloppée de mystère, pleine de non-dits et de silences. Une lecture agréable, même si le dessin "ligne claire" et la colorisation sont trop austères à mon goût et ne mettent pas vraiment en valeur le décor grandiose des Alpes suisses.
Excellent premier album, narration dessin, mise en page, récit, brillant! une petite réserve pour la fin un peu décevante mais peu importe, on lui pardonne, il propose un album magnifique
Avec ce 1er album, Lucas Harari se fait un nom.
Le choix éditorial (épaisseur des feuilles, planches gaufrier, trichromie) permet déjà de manipuler un très bel ouvrage, différent des autres. Cette atmosphère particulière est entretenue par les nombreuses planches d’ambiance, qui font ressentir le mystère planant autour des thermes. L’auteur prend son temps pour poser l’histoire, et c’est une vraie réussite. Le seul petit bémol vient de la fin qui, au contraire, est un peu rapide. En tout cas, ce sont des débuts réussis.
Voilà un album qui porte très bien son titre : "L’aimant" a quelque chose de magnétique, énigmatique et captivant.
Certains choix de l’auteur sont osés, comme la typo difficile à déchiffrer ou la couleur à dominante rouge et bleu, mais ils servent parfaitement l’intrigue et l’ambiance. Cela confère à l’ensemble une fascinante étrangeté, bien relayée par des décors naturels ou architecturaux vertigineux et l’ambiguïté de certains personnages. Enfin, la mise en abîme très habile de la narration couronne le tout.
Grâce à cette complémentarité idéale du fond et de la forme, chaque case est hantée par une menace latente, floue, et l’ombre d’un mystère sans nom plane dangereusement de page en page jusqu’à pousser le récit au bord du fantastique.
Une première BD incontestablement réussie, à découvrir absolument !
Les jeunes sont décidément à l’honneur pour cette série de coups de cœur. Voici le premier album écrit (et dessiné) par Lucas Harari. Un album d’aventures qui se déroulent au cœur des très célèbres (et chics) thermes de Vals en Suisse. Une histoire fantastique écrite comme une intrigue policière, mélangeant les légendes des montagnards et le regard architectural sur ces thermes construits par l’architecte Peter Zumthor. Celui-ci a reçu, pour ce bâtiment, le prix international Pritzker. Une bd très graphique, au dessin très élégant et à la mise en scène remarquable. C’est vraiment très beau. A lire.
https://mediatheque.mc
Avant tout, il faut souligner la qualité éditoriale de cet ouvrage apportée par "Sarbacane":grand format, dos toilé et superbes illustrations,où le rouge, le bleu et le noir dominent.
Dans un style très épuré, style ligne claire (d'ailleurs, pages 51 à 53, le héros,Pierre, est habillé comme "Tintin"- . il y a même du Burns ou du Hergé dans ces pages),Lucas Harari nous propose un scénario qui oscille entre fantastique et polar.(un étudiant en architecture est persuadé que les thermes de Vals abritent un secret, une porte dérobée). A cela vient s'ajouter une légende , "les pierres qui volent", qui donne un côté encore plus mystérieux à cette aventure. Même les prénoms choisis (Pierre, Ondine) sont en parfaite adéquation avec le thème de ce récit intriguant.
Mais ce qui fait la force de cette bande dessinée , c'est le dessin très architectural d'Harari. (les pleines pages consacrées aux thermes sont incroyables).
Malgré son format et sa pagination (149 pages), cette bande dessinée se lit assez vite, et l'auteur apporte une touche presque réaliste à cette aventure avec un incipit et une fin assez originale.
Très belle découverte, en tout cas.