A
yant clôturé Arq et Capricorne, deux séries majeures au long cours, Andreas avait envie de respirer un peu. Exit les longues sagas tentaculaires, bonjour les histoires courtes. Mieux encore, il a choisi de se concentrer exclusivement sur le dessin en demandant à d’autres – Mazan, Dieter, Jean-Luc Cornette, Hyuna, Achim Raven et Isabelle Cochet – de s’occuper des scénarios. Une récréation sous le signe du farniente ? C’est mal connaître le créateur de Rork. Dans Dérives tome 2 (le précédent volume date de 1991), il offre un véritable festival graphique de haute tenue. Même avec plus de cinquante albums à son actif, c’est comme si l'artiste n’avait rien montré. Attention les yeux et prenez-en de la graine.
Couleurs directes, crayons gras, N&B, avec ou sans encrage, etc. Avec autant de techniques différentes pour autant de thématiques variées et originales, l’ouvrage, un peu disparate au premier coup d’œil, se mue rapidement en une expérimentation visuelle saisissante. Sûr de son art malgré la diversité des manières, la patte du dessinateur est immédiatement reconnaissable. Quelque part aux confins du cosmos, à l’intérieur de l’âme d’un révolutionnaire, sur les plateaux de la télé-réalité ou dans une angoissante cour de ferme, Andreas se promène partout comme chez lui. De plus, même s’il n’oublie pas les recettes qui ont fait sa renommée (le découpage extrême des planches), il ose sortir de sa zone de confort avec des pages aux allures et aux tonalités nouvelles et percutantes (Maidstone signé de Dieter, en particulier). Le résultat est impressionnant de maîtrise et de justesse.
Pour ce qui est du contenu – il s’agit de raconter des histoires, ne l’oublions pas -, ces fables majoritairement sombres se montrent parfaitement à la hauteur de l’entreprise. Graves sans être complètement tragiques, celles-ci jouent sur les nuances et les métaphores pour se développer. Heureusement, au milieu de ces récits passablement torturés, L’ours, avec Jean-Luc Cornette, apporte un petit répit humoristique bienvenu et espiègle.
Feu d’artifice pictural, Dérives est une réussite démontrant une nouvelle fois toute l’étendue du talent d’un des maîtres actuels du Neuvième Art.
Andreas est toujours aussi doué, le dessin et la mise en page sont toujours un vrai régal. Mais... les histoires ici contées m'ont laissé perplexe: faire des récits courts, d'accord, mais en les laissant inaboutis pour certains, c'est déroutant et frustrant. Ce tome 2 ne m'a pas emballé comme le 1er...
Je suis un grand fan d'Andreas mais cet album m'a extrêmement frustré. Car s'il est intéressant d'admirer les prouesses graphiques du "maître", qui plus est dans des styles très variés qui montrent bien à quel point Andreas maîtrise son art, hélas les histoires imaginées par ses amis sont terriblement courtes et ne mènent pour la plupart nulle part. Un album par conséquent sans grand intérêt à mes yeux.