L
’existence pleine de panache de Sacha Guitry a de quoi inspirer les biographes. Outre son talent d’écrivain/acteur/cinéaste, ce dernier a côtoyé à peu près toute l’intelligentsia culturelle du Paris, de la Belle époque aux Années folles ! De plus, sa lutte avec l’ombre envahissante de son célèbre père, son penchant pour les mariages (courts, mais heureux), sans oublier une faconde jamais démentie (il a écrit plus de cent pièces de théâtre), sa personnalité à multiple facettes font de lui un candidat idéal pour tenter de comprendre comment le génie naît et fonctionne.
Entre classicisme et baroque, Noël Simsolo et Paolo Martinello reviennent sur la trajectoire étincelante du dramaturge. Les différents épisodes – anecdotes souvent connues – sont évidemment passées en revue, bons mots inclus. L’homme est logiquement au centre de l’attention, le cadre un peu moins. Si plusieurs événements historiques sont bien mentionnés, c’est juste en passant et rares sont les mises en relations entre Guitry et son temps. Cela dit, la lecture est prenante, bien rythmée et peuplée d’une foule de célébrités plus ou moins sorties des esprits.
Graphiquement, le dessinateur recrée avec une certaine réussite le pavé parisien et les pesants intérieurs bourgeois dans lesquels le héros nage comme un poisson dans l’eau. En revanche, les couleurs lourdes et passablement ternes ainsi que la mise en page répétitive gâche un peu la représentation. Au final, l’ensemble tient la route, mais manque de profondeur et surtout de la finesse qui ont fait la gloire de l’auteur du Roman d’un tricheur.
J’ai beaucoup entendu parler de ce Sacha Guitry durant ma jeunesse. Je ne savais pas vraiment qui c’était. Je l’imaginais comme un dandy aux nombreuses conquêtes et qui faisait la une des journaux un peu people. Je ne m’étais pas vraiment trompé à cette lecture confirmative. On suit le parcours de cet homme qui va succéder à son père déjà acteur de théâtre. Je m’abstiendrais de juger la personne car cela pourrait faire beaucoup de mal. Comme dit le titre, c’est le bien-aimé.
J’ai trouvé la bd beaucoup trop académique dans son déroulé. Les faits relatés qui se succèdent inlassablement n’ont pas entrainé une folle passion de la découverte de ce bobo avant l’heure fasciné également par la personnalité de Mussolini (ce qui est son droit). Son apport au théâtre par l’écriture de 124 pièces doit être certainement considérable mais je n’en n’ai eu que cure. C’est dommage car le graphisme plutôt avenant me convenait tout à fait. Il y a tout de même un sérieux manque de profondeur dans cette œuvre.
On part d’une scolarité catastrophique malgré un nom de baptême donné par son parrain le Tsar Nicolas II. On aboutira à une standing ovation de la société française qui le considère comme l’un de ses plus grands artistes et penseur. Je pense que tout est encore permis pour Nabila. Il y a un grand côté séducteur qui a joué en sa faveur. La bd va se concentrer essentiellement sur deux thèmes à savoir les femmes et son travail de création d’œuvres aussi bien théâtrale que cinématographique.
Bref, une biographie de plus qui n’a pas produit son effet séducteur sur moi. Suis-je à ce point aveugle ? Seul l’avenir nous le dira.