C
onçu par les laboratoires Marvel, Johnny Bing est un robot spécialisé dans l’empathie artificielle. Il peint, il s’intéresse aux gens et il désire ses maîtresses. On reconnaît d’ailleurs qu’il est un amant fantastique, mais sa condition d’humanoïde l’empêche de nouer des relations durables. En tant qu’automate doté de sentiments, il pourrait être précurseur du futur de l’humanité, d’autant plus que ses capacités intellectuelles sont largement supérieur à celles des H. Ses pulsions se révèlent cependant de plus en plus troubles. À l’autre bout du monde, Camille, elle aussi artiste, vit dans une capitale française dévastée à la suite d’un attentat à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine en novembre 2085. Les deux se rencontreront, la Parisienne fera de lui l’avenir du monde, mais pas vraiment de la façon dont l’androïde l’imaginait.
Au départ, Luc Giard a produit des centaines de croquis, dessins et toiles s’apparentant à l’Art brut. La plupart de ces œuvres représentent des femmes, mais on voit également unne poignée d'hommes (dont Quinquin, un blondinet à houppette), quelques voitures et des fauteuils. De ces représentations se dégagent violence et brutalité. Réunies, elles ne forment pas vraiment une bande dessinée ; la plupart des vignettes sont autonomes, les personnages n’interfèrent pas dans les illustrations, il n’y a pas de phylactères, à peine quelques onomatopées.
Partant de ce matériau, Jean-Marie Apostolidès construit un récit apocalyptique. Il accompagne chacune des cases d’un court texte qui permet de lier l’ensemble, de donner un sens à un corpus fragmenté en lui superposant une narration. La contrainte était de taille, mais l’auteur s’en tire assez bien. Peut-être aurait-il pu trouver un meilleur prétexte pour amener le protagoniste dans l’Hexagone mais, dans le fond, là n’est pas vraiment l’enjeu de cet ouvrage expérimental.
Parfois, le roman graphique va complètement ailleurs. Il s’interroge et se remet en question. Quand c’est réussi, c’est jouissif.
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