A
près la mort de Laurent, Pierre, son fils aîné, devient le maître de Florence. Mais il ne possède pas la vision et le sens stratégique de ses aïeux. Seuls l’intéressent les fastes du pouvoir et il préfère se plonger dans la décadence plutôt que gérer une cité qu’il considère lui appartenir de droit. Aveugle, il ne voit pas les complots se tisser et, surtout, le peuple, ancien allié de sa famille, se détourner de lui au profit du moine Savonarole et ses prêches fanatiques pour la création d’une nouvelle ville lavée du pêché. L’inimaginable se produit alors : les Médicis sont chassés de Florence.
Ce troisième épisode de la saga des Médicis n’est sans doute pas le plus simple à mettre en scène. En effet, l’intrigue s’étale sur dix-huit ans, multiplie les personnages – Jean Médicis et son cousin Jules, Cesare Borgia et Nicolas Machiavel – et ne bénéficie pas de grandes scènes épiques. Il est ici question de manœuvres de l’ombre et de visées à long terme qui impliquent un minimum d'explications. Mais Olivier Péru évite la surcharge et l’aspect par trop didactique en composant de solides portraits et en imprimant un rythme digne d’un thriller politique.
La lisibilité provient également de l’habile découpage des planches et du choix de ne pas multiplier les cases et de varier leur composition. Aux crayons, Lucio Leoni et Emanuela Negrin s’attachent à donner vie à cette aventure, en particulier en soignant l’expressivité des protagonistes, mais aussi en peaufinant les décors, tant intérieurs qu’extérieurs. Aux couleurs, Elodie Jacquemoire maintient l’unité graphique de la série avec toujours autant de réussite.
Au final, la mise en valeur de cette période peut-être moins connue de l’histoire des Médicis, traversée de grands noms de la Renaissance italienne, est intéressante et réussie.
Beaucoup de protagonistes dans ce troisième album. Un Pierre de Médicis bon vivant oublie la gestion de sa ville et va être contraint de quitter Florence. Le prêtre Dominicain Savonarole va rallier petit à petit à sa cause une population lasse des turpitudes de Pierre. Celui-ci va alors tenter de s’allier au roi de France Charles VIII venu guerroyer contre le roi de Naples.
Dans cette époque pleine de personnages hauts en couleurs et très connus vont s’effectuer de nombreuses manœuvres afin de s’octroyer le titre de Pape et la gouvernance de Florence. Les Médicis à travers Jean, Julien et le « bâtard » Jules font tout leur possible pour récupérer « leur » ville aidés en cela par Machiavel. Mais ils doivent aussi composer avec les Borgia, une famille aussi avide de pouvoir que la leur.
Celui qui va s’en tirer le mieux dans un premier temps sera Machiavel qui va tenter de redonner à Florence son titre de république. Malgré son grand sens de la manipulation, il trouvera ses « maîtres » avec les Médicis.
Ce tome foisonne tellement de personnages et de faits que l’on étouffe un peu sous le flot des informations. Il aurait mieux fallu, à mon humble avis, faire deux albums plutôt qu’un seul à rallonge (72 pages). Les événements dans les dernières pages ressemblent un peu à un fourre-tout où le scénariste tente de ne rien oublier.
L’histoire des Médicis est toujours aussi passionnante mais l’album, trop dense, fini par fatiguer quand on s’approche de son terme. Le choix des dessinateurs est toujours aussi judicieux, ici le duo Negrin / Leoni que j’avais déjà apprécié dans le tome 10 Habner des « Maitres inquisiteurs » offre un excellent travail.