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ar un soir de pleine lune, Torao et Hige se sont fait une promesse : ils seront les prochains chefs de gangs du quartier ! À eux les meilleures poubelles et les plus beaux restes des restos chicos ! Mais le courage ne s'apprend pas. Trop peureux pour venir en aide à son ami lors d'une bagarre à griffes sorties, Hige transgresse ainsi une règle sacrée. La mise au ban ne se fait pas attendre et «le tocard» devient le souffre-douleur de tous les caïds frustrés ayant la patte qui les démange. Après plus d'un an de ce régime pauvre en cajoleries, le matou veut en finir avec sa vie de paillasson. Pourtant, le ciel lui envoie un mastard de première, Nobunaga. En voyant le potentiel de ce bagarreur à l'appétit aussi grand que son tour de taille, l'espoir renaît pour Hige. Le destin montre ses crocs, la revanche sera féline !
Exit les gentilles séries de minous à leur maman telles que Chi, Plum ou Kuro. SP Nakatema transpose le genre Furyo dans le monde des chats... ça feule et ça cogne, c'est la loi du plus fort. La plongée dans l'ambiance des yakuzas est évidente : un code d'honneur intouchable, des territoires délimités bien gardés, une hiérarchie stricte et, croquette sur la pâtée : des trahisons, des revanches et ... des bagarres. La narration est partagée entre les pensées du loser et le déroulement de l'histoire. La partition entre scènes d'action et moments calmes est bien équilibrée, le tout en mode humour majeur. Cependant, il faut avouer qu'une fois les enjeux posés, les monologues lorgnent vers l'atermoiement et les situations se répètent, installant une certaine lassitude. La traduction est de très bonne qualité, loin d'être basiques, les réparties sont justes et sonnent comme des punchlines.
Le festival de bouilles qui ont de la gueule est un régal. L'éventail des mimiques, des postures et de la gestuelle est large et parodie, bien sûr, l'équivalent humain. Aussi grassouillets que des sumos et agiles comme des ninjas, les boules de poils bondissent, même hors des cases, avec beaucoup de dynamisme et de fluidité dans des décors citadins réalistes. Un bémol est appliqué à la surcharge d'onomatopées qui a fâcheuse tendance à gâcher les arrière-plans.
Voici un début d'aventures qui se lit et s'apprécie comme un bonbon qui pique : c'est violent, surprenant, mais tellement bon ! Reste à savoir si l'auteur a prévu d'autres saveurs pour éviter la monotonie. Le duo d'anti-héros se garde ainsi deux tomes pour élaborer une tactique et renverser l'ordre établi (sortie du troisième en septembre).
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