A
près l’imprévisible succès de Zaï Zaï Zaï Zaï, Fabcaro manque d’inspiration. Dans ce recueil de gags, il se raconte alors qu’il tente de trouver la bonne idée. Cette panne ne l’inquiète pas vraiment, contrairement à son éditeur, sa mère, sa compagne, ses amis et ses aficionados... Refaire le même livre serait trop facile et il y a une limite à surfer sur la reprise de vieilles séries (il est maintenant aux commandes d’Achille Talon et de Gai-Luron). Paradoxalement, avec Pause, il se réfugie dans sa zone de confort et renoue avec ses récits autobiographiques (Carnets du Pérou, Le steak haché de Damoclès, Like a steak machine, etc.). Il convie notamment l’amateur de bandes dessinées à jeter un oeil sur l’arrière-scène de ce monde ; l’insécurité financière des créateurs, les commentaires de l’entourage, sans oublier la pression des maisons d’édition, lesquelles impriment à la tonne des bandeaux indiquant « Par l’auteur de Zaï Zaï Zaï Zaï ».
L’humour oscille entre Woody Allen (pour l’introspection et l’hypocondrie) et Gotlib (allégories délirantes). Il ne fait certes pas rire à gorge déployée, mais provoque souvent le sourire. Probablement parce que le lecteur se reconnaît dans ses doutes, ses tourments et ses hésitations. La thématique n’est pas nouvelle (Journal d’un album de Philippe Dupuy et Charles Berbérian, Les ignorants d’Étienne Davodeau, Couma Aco d’Edmond Baudoin, Notes de Boulet), mais quand elle est traitée avec talent, à quoi bon bouder son plaisir ? L’ensemble étant découpé en courts chapitres très peu liés, la lecture peut facilement être fragmentée, mais le glouton n’aura aucun mal à enfiler d’un coup les 60 pages.
Le dessin est relativement sommaire, voire répétitif. L’artiste se met en scène en élaborant ses images avec quelques expressions (ahuri, découragé, état de grâce), les décors sont rudimentaires et la composition des planches est sage. Cette économie de moyens traduit le statut de cet album de transition. Les attentes étant faibles, il travaille avec peu de contraintes. Alors que le trait est généralement léger et semi-caricatural, le bédéphile découvre des illustrations hyperréalistes, des bonshommes allumettes, un Donald Duck identique à ceux de Disney, des personnages semblables à ceux retrouvés dans un manuel d’instruction et d’autres représentés par des taches d’encre. Bref, dans les illustrations comme dans le texte, la démarche est empreinte de liberté.
En attendant une prochaine grande œuvre, la lecture des tranches de vie de Fabrice Caro permet de patienter d'agréable façon.
A lire pour ceux qui ont un coup de blues! L'autodérision est une arme imparable à condition d'en disposer. Manifestement Fabcaro est champion.
Vivement le prochain de Fabcaro, cela ne devrait pas tarder il est prolixe!
Comment arrive-t-il à me surprendre à chaque fois ? Je l’avais remarqué à ses débuts en espérant qu’il connaisse des succès dans sa carrière. Son Zaï Zaï Zaï Zaï a véritablement conquis le public d’autant qu’il s’attaque à des reprises célèbres comme Achille Talon ou Gai Luron. Il joue de tout cela dans cette pause qu’il semble marquer dans une recherche de l’inspiration face à un public qui l’attend au tournant.
Fabcaro a un sens aigu de l’autodérision et du décalage. En même temps, il nous dévoile des aspects de la société et des comportements humains qui prêtent à sourire. Il y a toujours son mal de communication ou son côté hypocondriaque avec une certaine continuité de ses thèmes de prédilections. Il le fait avec tellement de talent que toutes ces petites choses de l’existence deviennent passionnantes sous son regard parfois acerbe.
C’est une lecture qui fait du bien. Par conséquent, c’est encore une œuvre à découvrir en espérant le même succès toujours mérité. Les inconditionnels seront séduits. Les autres également.
On retrouve avec plaisir le trait et le style de Fabcaro. L'idée de l'absence d'inspiration est finalement plutôt bonne mais les planches sont assez inégales. Certaines sont toujours hilarantes, beaucoup déclenchent un sourire, mais quelques unes sont un peu en dessous. Au final, il manque un petit quelque chose, ce qui n'empêche pas de passer un bon moment...
Un sourire aux lèvres constant avec cet album entrecoupé de quelques éclats de rire. Fabcaro prend du recul et fait un point avec lui même en signant une BD plus soft qu'a l'accoutumé, mais où l'on retrouve tout de même son humour décalé que j'aime tant.
Plaisant !
2 ou 3 anecdotes m'ont fait rire, mais le reste est très très plat.
On est loin des petites tranches de vie de Delisle ou Trondheim.