D
ans le rôle de la jeune oie blanche, Thomas. Dans celui du prédateur, Fred. Entre eux, une ombre plane : celle d’Alex, longtemps en couple avec Fred. Omniprésente, elle envahit le quotidien des deux amants.
Le début est banal. Une rencontre, probablement dans une soirée, puis le retour dans un appartement où se passe ce qu’il doit se passer. Très vite, pourtant, un rapport de force tend à s’installer. D’un côté, Fred prend et ordonne. De l’autre, Thomas se couche et obéit, un peu comme Alex le faisait.
La puissance, représentée par la musculature de Fred et son sexe tendu, est envahissante. Face à cette débauche de testostérone, Thomas semble ne pas faire le poids. Davantage dans la soumission, il trouve toutefois sa place. À chacun ses armes. Et son plaisir.
La beauté des corps est exaltée, qu’ils soient parfaits comme celui d’Alex ou fragiles comme celui de Thomas. Le tout à travers le regard de Fred, qui se pose en observateur, en juge. Et toujours cette douleur qui revient dans le champ de vision, elle qui « s’est transformée en plaisir. Ou plutôt, elle faisait partie du plaisir. Comme une boule qui grossissait avant d’exploser. »
Ce titre me fait sérieusement penser à 50 nuances de Grey mais dans une autre version. C'est hautement malsain car il s'agit de voir jusqu'où peut aller une perversion d'ordre sexuel. Bien entendu, c'est un dessin au caractère pornographique pour un public averti.
Au-delà de cela, je me suis quand même laissé emporter par ce récit passionnel où il est question d'un ex dont l'ombre plane sur une relation naissante et débordante. La compétition peut mener assez loin dans une sorte de sadomasochisme qu'on ne peut alors contrôler. Cela a toujours des conséquences.
Le sujet sur un tel angle n'a encore jamais été abordé c'est pourquoi il présente beaucoup d'intérêt. Par ailleurs, le graphisme est franchement magnifique avec beaucoup de grâce et de beauté.
Une oeuvre moderne qui plonge dans la nuit et dans les méandres d'une certaine forme de sexualité.
La force du dessin est fantastique. Espérons que ce dessinateur nous livre d'autres ouvrages de cette veine.
La BD est, comme l'indique l'étiquette sur la couverture, "pour public averti". Et, en effet, même si on ne vire pas du tout dans le porno, cela reste sexuellement explicite. Mais, ce n'est pas là l'intérêt premier de l'histoire. Le scénario est excellent et montre le jeune Thomas changer au fil des pages .... et reste toujours des questions ouvertes quand on a tourné la dernière page : où est Alex ...
Pour moi, c'est un des meilleurs albums des derniers mois