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rères et sœurs, Sylvain, Séretta et Titène, ont décidé de fuir les brimades et les violences du monastère. Un étrange chat les accompagne, c’est même lui qui leur a soufflé l’idée de leur destination : la mer. Leur route, semée d’embûches et de rencontres, est longue, mais l’espoir d’une vie meilleure les porte, jusqu’à présent en tout cas.
Récit moyenâgeux mystique à peine mêlé de fantasy, 999 à l’aube de rien du tout (adapté du roman éponyme de Claude Daubercies) offre une vision caricaturale de son époque. Tenu par la main de fer (et de feu) d’un clergé égoïste et fanatique, le peuple souffre en silence. Il faut bien des misères à cette fratrie pour oser s’affranchir et aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte (l’océan dans le cas présent). Des personnages formatés et limités – tant les héros que les méchants – et des péripéties classiques – fuite dans les marais, troupe de saltimbanques – servent de cadre à cet album digne des grandes heures de la collection Vécu. L’ensemble est soutenu par de nombreux dialogues parfois ampoulés et souvent répétitifs. Denis-Pierre Filippi avance à gros sabots dans les ornières d’un académisme de bon aloi. Résultat, tel la herse qui sait faire fi des mottes les plus coriaces, le message passe (quel qu'il soit, ce n’est pas très clair au final).
Avec un encrage généreux et très bien posé, Marco Bianchini illustre efficacement cette course vers l’inconnu. Là aussi, les amateurs de belles compositions et de réalisme seront séduits. Le découpage et la mise en page s’avèrent également au point, à la fois dynamiques et parfaitement lisibles. Les vues sylvestres, tout particulièrement, profitent de l’extrême finesse du trait du dessinateur de François sans nom : rarement la forêt aura été si bien montrée.
Trop allégorique et ultra-réducteur, ce premier tome (sur deux annoncés) de 999 à l’aube de rien du tout peine à soulever l’enthousiasme. Reste l’excellent travail graphique de Bianchini, celui-ci sauve « la baraque », du moins pour l’instant.
C'est une adaptation d'un roman dont l'action se situe à l'ère médiévale à une époque où l'Eglise avait droit de vie ou de mort sur tous les sujets. Les enfants n'étaient pas épargnés par la folie des hommes d'église.
A noter une préface qui nous indique que tout lecteur mâle normalement constitué doit devenir passionnément amoureux de Séréta qui est l'héroïne de cette histoire. J'ai été assez intrigué par cette préface et je ne demandais qu'à voir. Par la suite, je me suis aperçu que je n'étais nullement amoureux alors que je suis un mâle normalement constitué. Où le bat blesse ? Séréta n'est qu'une gamine de 12 ans si ce n'est moins !!! Là encore, à la place des éditeurs, j'essayerais sans aucun doute (en être censé) de ne pas pousser le lectorat à la pédophilie, mais ce n'est qu'une légitime remarque.
Ceci dit, la narration est très pesante. L'action n'est constituée qu'une d'une fuite de trois enfants dans la campagne pour échapper aux sbires de l'évêque qui cherche à protéger un secret lié à une vieille relique découverte par les enfants. A noter également un chat télépathe qui verse dans l'allégorie.
Je n'ai pas trop été emballé par cette première partie de ce qui doit constituer un diptyque. Il n'en demeure pas moins un dessin de très grande qualité.