À cause de son don d’empathie hyper-développé, Misha a tendance à éviter ses congénères mais c’est pourtant grâce à lui qu’elle capte le signal de Reborn, un «morphing» en détresse, perdu dans une décharge poussiéreuse. Capable de prendre n’importe quelle apparence, le robot se transforme en Mickael, l’ami disparu de l'orpheline. Tous deux se rendent dans la dernière ville habitable, la Mégapole et vont rejoindre les rangs des «renforts», sorte d’escouade qui cherche à défendre la population contre les «Ersatz», des créatures ennemies des humains. Attention, c'est donnant-donnant : Misha et son compagnon aident les guerriers au grand cœur en échange de quoi, ils collectent les informations sur Mickael afin de partir à sa recherche.
Grâce au tremplin des éditions Kioon, la mangaka suisse Yami SHIN sort sa première série, Green mecanics. Sentant les nombreuses références, le lecteur s’immerge sans difficulté dans ce mélange des genres : post-apocalyptique, pouvoirs paranormaux, mecha et un soupçon de romance dans lequel évoluent plusieurs groupes bien distincts. Si son héroïne est un brin naïve, l’auteur s’affranchit intelligemment des clichés en proposant des personnages riches et attachants, qui conservent néanmoins quelques zones d’ombre dans leur passé. Riche en informations, le récit possède une grande cohérence, sans s’éparpiller. Le contexte conflictuel est progressivement introduit, ainsi que les fameux «Ersatz» qui semblent constituer le mystère principal. Sont-ils réellement les ennemis à abattre ou simplement des victimes ? Ces jalons posés laissent entrevoir un grand potentiel d’évolution et du plaisir en perspective. Le côté assez optimiste de l’ambiance générale peut dérouter mais la légèreté et l’humour cèdent la place à une intrigue beaucoup plus sombre et violente au fur et à mesure de la lecture.
Esthétiquement, l’auteur a intégré sa "patte" européenne dans un style relativement codifié. Son trait est fin, élégant et confère une grande fluidité au mouvement d’ensemble. Les design sont intéressants et plutôt originaux (apparence mi-végétale mi-animale des monstres). Les ombrages bien travaillés apportent de la profondeur et du relief, les décors sont cependant un peu aseptisés.
Ce nouveau shonen au scénario solide et au graphisme très agréable pose son univers d’entrée de jeu et suggère de nombreuses pistes sympathiques pour la suite, annoncée en octobre.
J'ai trouvé que pour un premier manga, l'auteur ne se débrouillait pas aussi mal que cela. Elle a même gagné un prix (premier tremplin manga Ki-oon). On sait presque tous que les prix ne veulent rien dire au final et qu'il faut se faire sa première impression en lisant l'oeuvre.
Pour autant, il y a beaucoup de potentialité au niveau des idées mais la mise en oeuvre peine un peu. Certes, l'héroïne n'est pas très originale. On peut en dire autant de l'univers qui semble puiser ses sources dans divers mangas pour constituer une sorte de nébuleuse à savoir un monde post-apocalyptique où les robots occupent une place importante. Un mot sur le graphisme pour dire qu'il est plutôt soigné.
A noter que n'échappera pas non plus aux niaiseries et autres grimaces loufoques qui polluent malheureusement le genre en le tirant vers le bas. A noter que le manga est une série de codes narratifs et graphiques et que cela ne concerne pas un pays en particulier. Idem pour le comics ce qui fait que le débat sur le comics français est plutôt stérile.