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ne fugue au clair de lune. Des talons résonnent le long des ruelles, une jeune femme terrifiée se jette dans les bras de deux policiers, à bout de souffle. Un homme dont le visage demeure dans l'ombre danse sur les toits à sa poursuite. Dans la ligne de mire, mais pas pour longtemps, l'assaillant se débarrasse en deux temps, trois mouvements, des défenseurs, provoquant la fureur de la... victime ! Exit la demoiselle possédée, le démon se révèle. Mais John Tower est rodé, il est chasseur de primes spécialisé dans ce genre de cibles. Du savoir-faire, de l'expérience et une simple corde suffisent pour que la créature sois mise hors d'état de nuire. Cette réputation en béton parvient jusqu'aux oreilles de l'un des patrons de la mafia russe, Dimitri Solonov. Un pacte est alors engagé : fournir la preuve que le comptable de l'organisation et accessoirement, fraudeur sur les bords, s'est bien suicidé. Un mort qui s'ignore ou un corps évaporé ? La cavale commence...
Au scénario, Matt Wagner (Grendell) crée un personnage à capuche et collants qui n'est pas un super-héros et qui n'a pas de pouvoirs extraordinaires. Néanmoins, ce tueur à gages est très bon dans son job. Il sait où trouver ses proies et use d'accessoires affûtés avec adresse. Évoluant au gré des contrats, le lecteur assiste à plusieurs enquêtes aux origines paranormales et fera la connaissance, non seulement de monstres hideux, mais aussi de l'agent spécial du FBI Alicia Hardwicke. A n'en pas douter, celle-ci constituera un parfait pendant féminin au viril John. Le dernier chapitre introduit un autre individu, le futur ennemi récurent, of course. Le procédé est rodé, la trame est classique : de l'action entrecoupée de scènes plus posées où la personnalité du héros se dévoile et s'épaissit, sans pour autant gêner aux entournures. En effet, l'étiquette reste incomplète pour le moment.
Simon Bisley (Slaine, Lobo) a un style bien reconnaissable. Il malmène les stéréotypes en utilisant l'exagération, aussi bien dans les physiques (musculature marquée, poitrine pigeonnante) que dans les expressions (déformation des visages, yeux exorbités). La bestialité ressort, la furie s'exprime à son aise tout en gardant une bonne dose de dérision qui rend le tout savoureux. Dans Geisthawk, ses illustrations sont plus retenues qu'à l'accoutumée, mais la caricature prend le dessus quand il faut et les bestioles sont répugnantes à souhait. Les couleurs douces d'Alex Sinclair et l'encrage de Rodney Ramos renforcent l'ambiance crépusculaire et apportent du relief à l'ensemble.
The tower chronicles ou les débuts d'une série Z débridée et sans complexe qui pallie une trame conventionnelle par un dessin qui ose le grotesque et la démesure, sans en user, ni en abuser.
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